À la fortune du mot

< mardi 6 octobre 1998 >
Vocabulaire

Le vœu de chasteté n'a pas cours en linguistique : dans ce domaine, c'est le moins que l'on puisse dire, les moines n'ont pas manqué de faire des petits...

Cappuccino. Même si cela doit vous sembler un peu fort de café, il doit son nom aux capucins, eu égard au brun clair de leur froc !

Chapitrer. Le premier à avoir été chapitré, stricto sensu, risque bien d'être un moine : parce que, rituellement, il s'y lisait un chapitre de la règle, on donna ce même nom à un conseil de religieux. Très vite, il apparut que c'était là le lieu rêvé pour réprimander, devant ses frères assemblés, l'infortuné qui avait failli...

Légende. Elle serait également née dans les couvents, et plus précisément dans leurs réfectoires : la coutume voulait en effet que l'on y lût, à l'heure du repas, l'histoire édifiante d'un saint ou d'un martyr. Pour le moine de corvée, l'étymologie prenait alors tout son sens : legenda, en latin, signifie bien « ce qui doit être lu » !

Moineau. On n'y songe plus guère, mais c'est sans doute son plumage brun — un peu terne comparativement à celui de ses congénères — qui a valu à l'intéressé ce sobriquet de « petit moine ». Ne rappelait-il pas la robe de bure de nos contemplatifs ?

Pitance. À l'origine, il s'agissait, là encore, de la ration de nourriture donnée à chacun dans les repas des communautés religieuses : le moine chargé des approvisionnements de bouche reçut d'ailleurs le nom de pitancier. Rien d'étonnant à ce que le terme soit si proche, par l'étymologie, de pitié et de piété : presque toujours, c'était à des fondations pieuses qu'incombait la lourde tâche de distribuer les vivres dans les monastères.