À la fortune du mot

< mardi 8 septembre 1998 >
Vocabulaire

Quand on parle du loup... il y a queue ! En témoigne la multitude de locutions qui se sont glissées dans la peau du canidé, et dont voici un modeste échantillon...

Avoir vu le loup. Si l'on en croit l'élégante définition du Dictionnaire de la langue verte d'Alfred Delvau (1867), l'expression se dit « de toute fille qui est devenue femme sans passer par l'église et par la mairie ». Il est vrai que le loup a depuis toujours la réputation d'être porté sur la chose : jusqu'au Petit Chaperon rouge  qui le confirme... de façon plus ou moins allégorique.

Connu comme le loup blanc. La couleur blanche, caractéristique du loup albinos, n'est apparue qu'après coup, pour conférer à l'animal une dimension quasi mythique. On parlait primitivement d'un loup gris, voire du loup tout court : la terreur que répandait la bête suffisait à la faire connaître de tous. Nous nous en voudrions de passer sous silence la variante humoristique connu comme le... houblon, jugée plus pétillante sous nos latitudes !

Entre chien et loup. L'expression s'applique, selon Littré, à ces périodes de transition, matutinales ou crépusculaires, « où le jour est si sombre qu'on ne saurait distinguer un chien d'avec un loup ». Claude Duneton en remet dans le symbole, voyant dans le chien le temps de la lumière et de l'activité, dans le loup celui de l'obscurité et de la peur...

Prendre le loup par la queue. C'est, de toute évidence, entreprendre quelque chose de risqué, de la même façon que l'on saisissait, autrefois, un bœuf par les cornes ! Prendre le taureau par les mêmes cornes indique plutôt, de nos jours, une détermination farouche, à louer plus qu'à blâmer.