À la fortune du mot
Antoine Blondin et René Fallet, qui en connaissaient un rayon sur le cyclisme, vous le diraient s'ils étaient encore de ce monde : le piquant de ce sport ne réside pas tant dans la seringue que dans son argot. En voici quelques preuves...
Faire l'accordéon. Se dit du peloton quand il s'étire et se ramasse par à-coups.
Allumer les phares. Le propre du coureur dopé, eu égard à son regard halluciné.
Finir à pied. Être harassé au point de rouler à la vitesse d'un piéton. On dit aussi finir sur la jante, être dans la pampa, compter les pavés.
Prendre l'autobus. Se regrouper, entre attardés, pour franchir les cols et finir dans les délais. (Syn. gruppetto.)
Becqueter de l'aile. S'accrocher à une voiture pour récupérer ou se relancer.
Partir en chasse-patate. Se lancer dans une poursuite vouée à l'échec.
Courir en rat. Profiter du travail des autres sans y participer. (Syn. sucer les roues ; contr. ne pas sentir le moisi, le renfermé.)
Mettre les mains aux cocottes. Autrement dit sur les poignées de frein, signe que l'allure n'est guère soutenue.
Avoir un fer à repasser dans chaque poche. Pédaler en se dandinant.
Manger de l'herbe. Rouler sur le bas-côté.
Avoir de la laine sous les ongles. Se voir reprocher d'avoir tiré quelques maillots lors du sprint (en bon français : lors de l'emballage).
Mettre la barbiche. Gagner de l'épaisseur d'un boyau.
Ramasser les casquettes. Remporter, pour toute prime, les casquettes publicitaires qui jonchent la route !
Rouler en facteur. Ne pas se fatiguer outre mesure.
Saler la soupe. Se doper, précisément. On dit aussi charger la mule, se faire une fléchette, mettre de la Blédine dans son biberon...
Visser la poignée. Ouvrir les gaz, en vrai motard !