À la fortune du mot

< mardi 10 mars 1998 >
Vocabulaire

Avant-dernière étape de notre voyage au pays des métiers...

Mannequin. À l'exception de nos voisins d'outre-Quiévrain, rompus aux frasques de leur Manneken-Pis, qui s'aviserait (si l'on ose dire du premier jet !) que cette profession qui fait rêver la quasi-totalité de notre gent féminine emprunte son nom au néerlandais mannekijn, « petit homme » ? Allez promouvoir la féminisation avec une telle étymologie !

Maroquinier. Le ministre que nous évoquons plus bas sait-il toujours qu'il doit son maroquin à Hassan II tout autant qu'au chef du gouvernement ? Le cuir que fabriquait le maroquinier (et qu'il peut se contenter de vendre de nos jours) était, on le sait, une spécialité arabe : ce sont en effet les Marocains qui en ont introduit la technique en Espagne.

Menuisier. Celui-là ne risque pas d'oublier qu'il est poussière puisque c'est précisément ce que signifiait le mot latin minutia dont il est issu ! Le menuisier s'est d'abord vu confier les travaux les plus délicats, la fabrication de menus ouvrages, notamment en or et en argent. Ce n'est qu'à partir du XVe siècle que le mot s'est spécialisé dans le travail du bois de faible équarrissage.

Ministre. Contre la fatuité qui guette nos élites républicaines, est-il meilleur antidote que l'étymologie ? Celle-ci nous apprend que le minister n'était rien d'autre, à l'origine, qu'un dérivé de « minus », c'est-à-dire quelqu'un qui s'acquittait des fonctions subalternes. Son ascension n'en sera pas moins fulgurante puisque, bientôt promu serviteur de haut rang, il se mettra au service du monarque dès le XIVe siècle. On a connu avancements plus laborieux !

(à suivre)