À la fortune du mot

< mardi 24 février 1998 >
Vocabulaire

Poursuivons notre balade au pays des métiers, entamée il y a près d'un mois...

Douanier. Si l'on vous dit que l'intéressé doit son nom au divan, n'en concluez pas trop vite qu'il jouissait toujours d'une situation assise : le divan en question n'était autre, dans la langue turque, que le registre où se couchaient... les déclarations d'importation, à la frontière de l'Empire ottoman !

Flic. Si le mot a perdu, au moins en partie, son caractère péjoratif, il garde une bonne part de son mystère. Certains en ont fait un lointain descendant du verbe latin fligere, « battre » : on n'est pas si loin, il est vrai, du cogne, dont le peuple fit grand usage par le passé. On a également invoqué une influence possible de l'allemand Flick, « garçon ». Mais l'hypothèse la plus répandue (la plus séduisante aussi !) veut que flic dérive d'un autre mot allemand, Fliege. C'est ainsi, en effet, que des voleurs juifs du siècle dernier auraient, dans leur yiddish, rendu notre mouche : on sait que celle-ci désignait, dans l'argot de la pègre, le mouchard et, par extension, le policier.

Huissier. Avant d'être chargé d'y apposer les scellés, il se contentait de fabriquer les portes ou, plus modestement encore, de les ouvrir : le mot a été formé à partir de huis, lequel n'est plus guère usité aujourd'hui que dans l'expression figée à huis clos.

Ingénieur. Loin de nous l'idée qu'il n'est d'ingénieur que de Polytechnique ! Le fait est pourtant que ce mot, dérivé d'engin, désignait à l'origine, et à l'exclusion de toute autre spécialité, l'inventeur ou le constructeur de machines de guerre... Il gardera d'ailleurs ce sens jusqu'au XIXe siècle.

(à suivre)