À la fortune du mot

< mardi 24 septembre 1996 >
Vocabulaire

Notre langue n'hésite jamais à annoncer la couleur ! Quelques exemples parmi beaucoup d'autres...

Passer au bleu. Pourquoi justement au bleu, dans cette locution qui veut dire escamoter ? Tout simplement parce qu'il s'agirait du bleu de lessive, hier chargé de faire disparaître les traces rebelles du linge. Curieux détour quand on songe au but avoué de l'opération : laver... plus blanc que blanc !

Rire jaune. La couleur jaune, les cocus ne furent pas les derniers à s'en apercevoir, n'a pas la cote. Rien d'étonnant à ce qu'elle s'applique ici à ce rire du bout des lèvres. De surcroît, l'hépatique au teint bilieux peut-il rire autrement que de manière forcée ?

Être gris. Le rouge ou le violet n'étaient-ils pas a priori plus indiqués pour traduire l'ivresse ? Sans doute ce gris-là s'explique-t-il par l'épais brouillard qui, dans l'état d'ébriété, paraît envelopper les êtres et les choses...

Le rouge est mis. Et quand il est mis, les discussions ne sont plus de saison ! La métaphore nous viendrait tout droit de l'hippodrome, l'apparition d'un disque rouge sur le panneau d'affichage signifiant que l'ordre d'arrivée ne sera plus modifié.

Des vertes et des pas mûres. Les vertes en question, licencieuses s'il en est, en feraient même voir de toutes les couleurs ! C'est probablement pour cela que l'argot, fertile en formules hardies, est aussi appelé langue verte. Cette dernière n'était-elle pas, à l'origine, le jargon des joueurs, lesquels évoluaient sur tapis vert ?