À la fortune du mot

< mardi 3 décembre 2002 >
Vocabulaire

S'il est vrai que l'on ne châtie bien que ce que l'on aime, rien ne nous est plus cher que notre voiture ! En témoigne ici la liste, rien moins qu'exhaustive, des sobriquets peu flatteurs dont elle s'est vu affubler depuis sa naissance...

Bagnole. Celui-là n'a pas attendu l'avènement de l'automobile pour désigner dès 1840, en Normandie et dans les Ardennes, une mauvaise voiture. Il a vraisemblablement pour origine le terme banne, « tombereau ».

Chignole. S'il rime avec le précédent, lequel avait subi l'influence de carriole, ce mot-ci ne semble pas devoir être affecté de la même nuance péjorative. Issu du bas latin ciconiola, « petite cigogne », avec le cou de laquelle on pouvait relever une similitude de forme, il s'est d'abord appliqué à une manivelle, puis, par métonymie, à la voiture qu'elle faisait tourner ! Il ne serait pas surprenant que ladite chignole fût, à son tour, à l'origine de chiotte, autre terme argotique pour désigner une automobile...

Guimbarde. Au XVIIe siècle, il s'est agi d'une danse. Ce n'est qu'une centaine d'années plus tard que le terme a été utilisé pour un long chariot couvert parce que, précise Alain Rey, les cahots donnaient l'impression que la voiture dansait.

Tacot. Avant de se spécialiser, au début du siècle dernier, dans la désignation d'un véhicule automobile de type ancien, l'intéressé, lui-même dérivé de l'onomatopée tac, renvoyait à l'outil qui mettait en mouvement la manette d'un métier à tisser.

Et il faudrait aussi évoquer (car encore une fois la liste n'est pas close) : bahut, bousine, cabrouet, caisse, charrette, fumante, guinde, hotte, mannequin, poubelle, roulante, taxi, tinette, tire, traîneau, trottinette, veau, sans oublier tas de ferraille !