Rien ne va plus au permis de conduire...

Maintenant, c'est l'inspecteur
qui débraye !

< mardi 3 décembre 2002 >
Chronique

Les inspecteurs du permis de conduire auraient-ils le sentiment de s'être, depuis toujours, fait rouler ? Craignent-ils, en ne se satisfaisant pas du résultat des récentes négociations, de tomber une fois de plus dans le panneau ? Entendent-ils remplacer la carte grise par un carton rouge ? Toujours est-il que leur grève est, d'assez loin, la plus originale du moment. La plus utile à notre rubrique, aussi, car elle nous permet de rappeler que, linguistiquement parlant, la pagaille a toujours régné dans le petit monde de l'auto-école. Dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française, Adolphe Thomas regrettait déjà, en 1956, qu'aucune distinction n'eût été faite, au sein de notre lexique, entre l'abréviation d'automobile et le préfixe auto-, lequel signifie, on le sait, « soi-même ». Et le grammairien de s'insurger contre des automitrailleuses aussi soudées que blindées, et qu'il aurait volontiers transformées en autos-mitrailleuses, ne fût-ce que parce que les intéressées ont encore besoin d'un artilleur pour cracher leur feu... Las ! le trait d'union n'a jamais servi, en l'occurrence, qu'à éviter la rencontre de deux voyelles, comme en témoignent des maladies « auto-immunes » qui ne se soignent pourtant pas chez le garagiste ! Force est de reconnaître que, jusqu'ici, l'auto-école faisait courageusement bande à part : son trait d'union disait assez que son auto n'avait rien à voir avec ceux d'autoédition et autoérotisme, et qu'elle n'avait nullement vocation à former des... autodidactes ! Pourquoi faut-il que Robert mette à mal cet îlot de bon sens en cautionnant désormais la variante autoécole ? Parce que l'on n'en est plus à une aberration près ? Ou pour camoufler l'illogisme du pluriel actuel : des... auto-écoles ? Il est vrai que pour nos lexicographes ces dernières ne sauraient désigner les véhicules derrière lesquels il nous arrive de pester — à les entendre, il conviendrait plutôt de parler, dans ce cas, de voitures-écoles —, mais les établissements où l'on enseigne la conduite ! Ce qui nous étonnera toujours, c'est que l'usager du français n'ait jamais songé à faire grève...

Question subsidiaire à ceux de nos lecteurs qui n'auraient pas encore décroché : qu'est-ce que l'autotour cher aux voyagistes ? Un circuit que l'on définit et effectue soi-même, en toute indépendance, ou dans une voiture de location ?