À la fortune du mot

< mardi 31 octobre 2000 >
Vocabulaire

Il n'y a pas que l'Europe qui fasse des courbettes au grand Satan. Notre lexique n'en est pas davantage avare, comme en témoignent les locutions qui suivent...

C'est le diable à confesser. L'équivalent, au XIXe siècle, de notre moderne « C'est pas de la tarte ! »

C'est le diable qui bat sa femme (et marie sa fille). La formule a encore cours pour signifier qu'il pleut et fait soleil à la fois. Il s'agirait là de la version chrétienne d'une dispute entre Jupiter, dieu du feu, et son épouse Junon, déesse de l'humide.

Donner une chandelle à Dieu et une au diable. Autrement dit, se comporter en parfait hypocrite. À rapprocher, de toute évidence, du « diable qui chante la grand-messe ».

Le diable est aux vaches. N'en accusez ni le prion ni les farines animales : l'expression, qui traduit une extrême confusion, remonte au XVIIe siècle. Dans une France essentiellement rurale, le comportement des vaches était en effet le plus fiable des baromètres !

Loger le diable dans sa bourse. C'était là le triste privilège de ceux qui n'avaient plus un liard. Le diable ne pouvait en effet séjourner décemment que dans une bourse vide : une seule pièce aurait suffi à l'en chasser. Ne portait-elle pas nécessairement, jadis, une croix sur une de ses faces ?

Tirer le diable par la queue. Si vous avez à le faire, c'est que la situation financière n'est pas plus enviable que ci-dessus ! L'image qui sous-tend cette locution restée très vivace est probablement liée à celle de l'homme qui, prêt à tout pour s'en sortir, cherche désespérément à retenir le diable qu'il vient de solliciter.