Any advance ?

< mardi 4 mai 2004 >
Complément

L'anglomanie n'indispose pas qu'en France. Il est même paradoxal (et, pour tout dire, un peu humiliant) de constater que notre langue est plus volontiers défendue par nos voisins qu'elle ne l'est par ceux qui, sur notre territoire, auraient vocation à la promouvoir. En témoigne, l'an dernier, cet appel de linguistes allemands sur l'internet, repris par Der Spiegel sous le titre « D'accord statt okay ! ». On y incitait tout bonnement à remplacer les expressions anglaises courantes en allemand par leurs équivalents... français : tee-shirt par tricot, label par étiquette, gag par pointe et boom par hausse ! Certes, c'était au plus fort de la polémique sur la guerre en Irak mais tout de même...

Cela dit, on a vu mieux, depuis lors, avec cette lettre d'un Milanais au Corriere della Sera, lequel admirait que l'on adoptât de plus en plus couramment, pour langue de travail européenne, celle « d'un pays qui a toujours fait obstacle à l'Europe, n'y adhérant que pour la freiner. » Et ce lecteur de renchérir, au sein d'une argumentation que reproduit avec gourmandise, on ne s'en étonnera guère, la revue Lettre(s) de l'Association pour la sauvegarde et l'expansion de la langue française (n° 35) : « Les politiques européennes produisent des normes ; or l'anglais est bon pour l'informatique et pour les entreprises, non pour le droit : personne ne peut nier que le français rend bien mieux notre tradition juridique, qui est continentale et napoléonienne. (...) L'anglais est non seulement étranger à la formation de l'esprit communautaire, mais en étant américain il en est l'antithèse. (...) Le français est la langue du rationalisme, des Lumières, prolongement véritable de notre humanisme. L'anglais est empirisme, refus de tout idéal universel qui ne soit pas de type mercantiliste. » Si ce sont les Italiens qui le disent...