Karaokésaco ?
C'était une excellente idée que de faire appel au trio Chanson plus bifluorée pour détendre l'atmosphère, par nature studieuse, des Dicos d'or. D'autant que le texte proposé, inspiré d'Alphonse Allais, cadrait à merveille avec le sujet du jour : ne s'intitulait-il pas L'Imparfait du subjonctif ? Cela dit, c'en fut une moins bonne que de recourir aux sous-titres... à moins que le but plus ou moins avoué de l'opération ne fût de décomplexer des téléspectateurs tout juste échaudés par leur propre performance à la dictée. Car on eut droit à un authentique festival ! L'accent circonflexe d'idolâtrer avait visiblement frappé à la mauvaise voyelle (« idôlatrasse »), ce qui n'était d'ailleurs qu'un moindre mal, comparé à sa désertion pure et simple dans les verbes apercevoir et s'opiniâtrer (« aperçutes » et « opiniatrasse »). Le trait d'union ne fut pas en reste, qui snoba d'importance la première question venue : « Vous laisserez vous conjuguer ? » À l'inverse, et partant sans doute du principe qu'il vaut mieux faire envie que pitié, l'adverbe ingénument n'hésita pas à se parer d'un e bien superfétatoire (« ingénuement »). Quant à l'adjectif qui concluait chaque refrain, on se demande encore pourquoi, à trois reprises, lui fut refusée la marque du pluriel (« Vos yeux étaient plus que parfait ») ! Au total, et pour peu que l'on applique le barème en vigueur, la bagatelle de six fautes et demie. Une paille, certes, pour tous les habitués de la version originale et des discours présidentiels sous-titrés, qui ne sont que trop régulièrement confrontés à des perles de cet acabit. Mais une poutre dans le contexte d'une émission telle que les Dicos d'or, censée réhabiliter l'écrit et... prêcher d'exemple ! Les plus indulgents feront valoir que, sur cette scène de l'Olympia, il fallait bien s'attendre à une fausse note. On se serait pourtant passé de celle-là !