Les dessous de la finale des Dicos d'or

Quand Pivot y met les formes...

< mardi 23 janvier 2001 >
Chronique

Sacré Pivot ! L'émotion soulevée par les ornements ithyphalliques qui sous-tendaient la dictée de l'an dernier n'est pas retombée que, déjà, il nous livre une nouvelle histoire de fesses... En tout bien tout honneur, tranquillisez-vous : l'animateur de Bouillon de culture sait mieux que quiconque jouer sur le velours, et il n'était question dans son scénario que de recueillir les confidences des fauteuils de l'Olympia, le lieu saint du jour. Il n'empêche que très vite les potins ont fait place au popotin, par le biais de ces postérieurs callipyges — on le dirait plus volontiers d'une personne, mais va pour la métonymie — qui devaient défrayer la chronique. Voilà qui, certes, ne risquait pas de surprendre des finalistes rompus à l'étymologie. Mais pour le commun des mortels, qui n'a que trop tendance à s'asseoir sur ces considérations linguistiques, il n'est peut-être pas inutile de préciser que l'élément -pyg- vient du grec pugê, « fesse », et qu'il se retrouve dans quelques mots rares : le pygargue, rapace diurne ainsi nommé parce qu'il a le derrière blanc, et aussi l'adjectif uropygial, qui s'applique, chez les oiseaux toujours, aux plumes qui avoisinent le croupion... Call- dérivant pour sa part de kallos, « beauté » (que l'on songe à la calligraphie, « belle écriture »), est callipyge ce qui est doté de belles fesses, stéatopyge d'énormes fesses ! Loin de jouer les pères la pudeur, on regrettera que Pivot n'ait pas cru bon de rebondir sur le sujet. Sans aller jusqu'à souhaiter que les candidats tombent sur un os, il y avait sûrement des choses à faire du côté du coccyx. Du pannicule adipeux, aussi, qui, pour boursoufler cette région du corps, ne saurait se contenter d'un n, au contraire de la panicule des graminées. Dommage encore que l'on n'en ait pas profité pour donner un aperçu de la richesse lexicale du français dès lors qu'il s'agit d'évoquer notre arrière-train. L'argot en tout cas s'en donne à cœur joie avec, pour ne citer que les plus poétiques, baigneur, bocal, faubourg, joufflu, moulin à vent, pays-bas (nous confessons un faible pour celui-là), vasistas, waterloo, etc. Quoi qu'il en soit, les nombreux sans-faute l'ont prouvé, cette dictée restera dans les annales (deux n, de grâce !) comme l'une des moins ardues de ces quinze dernières années. Il est vrai que l'on ne pouvait décemment gagner ici... que dans un fauteuil !