Laissez-vous gagner
par le charme discret
de nos noms composés
C’est peu dire, chers lecteurs, que l’écoute-s’il-pleut de dimanche dernier vous a donné des idées, au point parfois de nous suggérer d’autres exemples de ces mots désuets, qu’il fait bon ressusciter ! En voici une pleine brassée…
Baise-en-ville. Bagage contenant le strict nécessaire pour passer une nuit en dehors de chez soi.
Boute-tout-cuire. Individu qui n’épargne rien pour faire bonne chère, goinfre.
Décrochez-moi-ça. Vêtement d’occasion et, par extension, boutique de fripier (les habits y étaient accrochés au plafond). S’habiller au décrochez-moi-ça signifiait que l’on se vêtait négligemment.
Fesse-mathieu. Si l’on ne sait trop d’où sort cette fesse (face, fesser ou fêter ?), il est bel et bien question de l’évangéliste Matthieu, lequel percevait l’impôt avant sa conversion. Le mot s’est appliqué aux usuriers.
Galope-chopine. Celui qui se présente dans les bars pour se faire offrir à boire.
Guide-âne. Recueil de règles pratiques, propres à accompagner un débutant dans son travail.
Hume-vent. Vagabond qui, pour errer de tous côtés, est exposé aux intempéries.
Pelle-à-cul. Siège de jardin conçu durant l’entre-deux-guerres, ainsi nommé parce qu’il avait la forme d’une pelle.
Pet-en-l’air. Veste d’intérieur courte. Chacun aura compris qu’elle s’arrêtait juste au-dessus du séant. (On disait aussi rase-pet, trousse-pet.)
Petit-torchon. Jeune servante.
Pince-maille. Personne dont l’avarice transparaît jusque dans les choses les plus insignifiantes. Faut-il rappeler que la maille était une monnaie qui ne valait guère qu’un demi-denier ?
Pont-neuf. Chanson populaire ainsi nommée parce qu’elle se fredonnait sur le Pont-Neuf, à Paris. Par extension, lieu commun.
Premier-Paris. Éditorial qui occupait jadis la première page du journal.
Revenez-y. Ce qui a un goût de revenez-y ne peut être que des plus agréable !
Sot-l’y-laisse. Morceau à chair fine situé au-dessus du croupion d’une volaille, tellement peu apparent que quelquefois « le sot l’y laisse », par ignorance. Ce n’est plus le cas depuis que Bernard Pivot en a fait la vedette de plusieurs de ses dictées.
Suivez-moi-jeune-homme. Pans d’un ruban de chapeau féminin, qui flottent sur la nuque.
Tâte-au-pot. Homme qui se mêlait des affaires du ménage en des temps où la chose était mal vue. (On disait aussi tâte-poule.)
Tâtez-y. Broche accrochée au décolleté du bustier d’une femme, située entre ses seins. Avec modération quand même, l’époque ne plaisante plus avec ça.