Du haut de cette pyramide
de sept cent sept chroniques...

< dimanche 14 juin 2020 >
Chronique

... un quart de siècle vous contemple ! C'est en effet le 16 juin 1995 que j'ai signé la première. Longtemps publiée un mardi sur deux, la rubrique Langage est devenue dominicale en 2006, puis hebdomadaire à partir de 2014.

L'occasion, en premier lieu, de rendre hommage à celles et ceux qui m'ont devancé dans la fonction. À Michèle Latour, laquelle m'a transmis le flambeau après treize ans de sacerdoce. Aux regrettés Évelyne Baron et Jean Hennebert, pour remonter jusqu'aux années 60. C'est qu'il n'est guère simple de passer, au sein d'un journal volontiers épinglé par les plus pointilleux de ses abonnés, pour le donneur de leçons de service. De mettre le curseur exactement là où il faut, sur l'échelle de l'exigence et de l'indulgence réunies. De se frayer une voie entre purisme déraisonnable et laxisme échevelé. De ne jamais faillir soi-même sur le terrain d'une langue dont une vie entière ne suffit pas à maîtriser les diktats et les caprices.

L'occasion, ensuite, de tirer mon chapeau de grammairien au quotidien qui m'emploie. S'il reste de bon ton de moquer ce dernier, comme n'importe lequel de ses confrères d'ailleurs, pour ses coquilles ou manquements ponctuels à la langue française, il lui sera beaucoup pardonné pour avoir maintenu contre vents et virus, et quasiment depuis sa naissance, une rubrique comme celle-ci. Quand je prendrais un risque en le soulignant par trop ici, il est l'un des tout derniers à le faire dans la France d'aujourd'hui, médias parisiens y compris. C'est dire, même s'il n'échappe pas toujours à l'anglomanie ambiante qui est celle de la société qu'il a mission de décrire, le respect qu'il porte foncièrement à notre langue, ciment de la nation et, historiquement parlant (on ne le répétera jamais assez), symbole de son unité bien avant le drapeau et l'hymne.

L'occasion, enfin, de vous remercier, vous, lecteurs réguliers ou occasionnels, passionnés par le sujet ou simples curieux, convertis d'avance ou iconoclastes proclamés, qui m'avez escorté durant toutes ces années sur les sentes passablement tortueuses de notre idiome et, j'ose l'espérer, le ferez encore demain. Votre enthousiasme comme votre scepticisme, vos critiques autant que vos compliments, m'auront encouragé à poursuivre un combat que plus d'un prétend perdu d'avance. Mais qu'importe que l'étoile dont parle Brel nous demeure inaccessible : l'essentiel est bien qu'elle continue de briller.