Il en a assez de se faire descendre en flammes...
Pour le Flamand, tout n'est pas rose !
Cette fois, la mare est pleine ! Un de nos excellents confrères ne vient-il pas, des plus sournoisement, de ressusciter ce « flamand rose » dont à plusieurs reprises nous avons dénoncé le caractère monstrueux dans ces colonnes ? Toujours est-il que c'est l'orthographe qu'il a cru devoir adopter alors qu'il se faisait l'écho de la critique d'un spectateur, lequel reprochait sans ambages au Premier ministre de « se tenir sur une patte » ! Certes, il n'est pas impossible que la grippe aviaire, qui occupe actuellement, et avec raison, tous les esprits, soit pour quelque chose dans ce malheureux et énième dérapage. Il n'empêche : faudra-t-il là aussi, pour prévenir une éventuelle pandémie et éviter que l'on ne gratifie d'autres noms d'oiseaux une respectable ethnie, à laquelle l'auteur de ces lignes se flatte d'ailleurs d'appartenir, que l'on sacrifie lesdits... flamants ? Pas question, en tout cas, de faire le pied de grue en espérant que les choses s'arrangent d'elles-mêmes : l'étymologiste se doit de tenter une ultime mise au point. Rappelons par conséquent que ces homonymes-là n'ont rien en commun. Que le flamant, en dépit des apparences et de son m unique, descend de la flamme et qu'il doit son nom, par le truchement du provençal flamenc, à la couleur chaude de son plumage. L'ordre d'échassiers dont il fait partie, celui des phénicoptères, ne renvoie-t-il pas, du reste, à la même idée, ce terme savant signifiant stricto sensu « aux ailes pourpres » ? Notre oiseau a entre autres pour sœurs l'oriflamme, ainsi nommée parce que cette bannière se termine en pointe, telle une langue de feu ; l'alsacienne et très tendance flammekueche, littéralement « tarte à la flamme » ; et même notre régionale flamiche, ce qui contribue peut-être, quand cette dernière serait fille de Picardie plus que de Flandre, à entretenir peu ou prou la confusion que nous déplorons ! Le Flamand ne peut, pour sa part, s'enorgueillir d'une fratrie aussi dense : on n'y relève guère que le peu fréquentable flandrin, dadais à l'allure empruntée, qui paie là pour les valets flamands du quinzième siècle, réputés de grande taille. Ce côté « monté sur échasses » est bien la seule passerelle que l'on puisse décemment jeter entre les familles de ces deux mots et il ne saurait, quoi qu'il en soit, consoler les Flamands. Ceux-ci devront-ils, pour venir à bout de cette regrettable équivoque, se fâcher... tout rouge ?