Migraine... Céphalée...

Ça va pas, la tête ?

< mardi 18 octobre 2005 >
Chronique

Pour pallier les insuffisances supposées de Raymond Domenech, la France comptait déjà soixante millions de sélectionneurs. Depuis que le petit Nicolas (celui du marigot, pas celui de Sempé et Goscinny) a préféré garder l'Intérieur (et non la chambre car il serait sorti de son lit pour accueillir Brigitte Bardot) plutôt que d'assister au Conseil des ministres, elle peut se targuer de recenser aussi soixante millions de médecins. Et chacun, diplômé de l'hôpital du Commerce, d'y aller de son diagnostic éclairé : le maire de Neuilly aurait-il « séché » ou y a-t-il eu effectivement migraine ? C'est probable, décrètent les premiers, symptomatologie à l'appui. La migraine s'accompagne classiquement de nausées, et le dernier discours de Villepin sur les dangers de la « rupture » était incontestablement de nature à en donner au président de l'UMP ! Fariboles, rétorquent d'autres, car en cas de migraine la photophobie va de soi, et chacun sait que l'intéressé serait plutôt du genre à courir au-devant des flashs. Tout dépend, précisent les plus avisés, du type de migraine que l'on incrimine : si l'on parle d'une migraine ophtalmique, génératrice d'un de ces flous visuels qui lui permettraient de ne plus voir Chirac, nul doute que le président de l'UMP ne soit preneur. Mais le drôle, très soucieux de son image, n'est pas homme à s'encombrer d'une vulgaire migraine... sans aura ! Modestement, et quand bien même, ses potions fussent-elles aussi amères que celles du toubib, un grammairien ne serait pas vraiment qualifié pour se prononcer, nous aimerions apporter notre contribution au débat. Au regard de l'étymologie, en effet, qu'est-ce qu'une migraine ? Une « hémicrânie » (du grec hêmi, « demi » et kranion, « crâne »), autrement dit une douleur localisée, qui n'affecte qu'un seul côté de la tête. Voilà qui, quelque opinion que nous puissions avoir sur lui, cadre mal avec un personnage qui ne nous a pas habitués, Kärcher oblige, à faire les choses à moitié ! Sans doute serait-il plus congruent à la situation d'évoquer une banale céphalée, du grec kephalê, « tête ». Mais on ne prête qu'aux riches, et la migraine a toujours occupé, dans l'imaginaire des Français, une place qui ne lui revenait que partiellement. Et puis, ce sera tellement plus simple pour qui prendra désormais un malin plaisir à lire, à travers les lettres UMP qui surplombent d'ordinaire le favori de la prochaine course à l'Élysée : « Un Migraineux Présidentiable »...