Si vous prenez l'air, ayez...

Une orthographe de haut vol !

< mardi 25 juillet 2000 >
Chronique

Nombreux sont ceux de nos lecteurs qui, dans quelques jours, s'envoleront vers des cieux qu'ils espèrent plus cléments. Moins nombreux, sans doute, ceux qui, adeptes du si bien nommé « journal de bord », immortaliseront l'événement en y consignant les moindres de leurs faits et gestes. Que ceux-là se méfient et, pour peu qu'ils persistent dans leur folle entreprise, ne décollent pas... du dictionnaire : en l'air, qu'ils le sachent pour leur gouverne, le danger est partout. Il est d'abord dans ces long-courriers dont on se gardera de surcharger l'avant si l'on ne veut pas qu'ils piquent aussitôt du nez : long a tout, certes, de l'adjectif mais il est de tradition de le considérer comme invariable, le mot composé auquel il appartient étant issu de la locution au long cours. Et n'espérez pas éluder la difficulté en revoyant vos ambitions à la baisse : moyen-courriers et court-courriers, quand ils ne « dériveraient » pas (quel mot scabreux pour un avion !) d'une expression figée, se sont réfugiés sous l'aile du précédent. Le danger est aussi dans ce personnel navigant auquel, oublieux de la nécessaire distinction entre participe présent et adjectif verbal, on a tôt fait d'ajouter un u de fort mauvais aloi. Attention, encore, au copilote, lequel ne s'embarrassera jamais, vu l'exiguïté de l'habitacle, d'un trait d'union qui ne lui sert de rien, et au steward, dont la prononciation nous inclinerait assez, mais à tort, à le nantir d'un t. Enfin, le danger rôde plus que jamais lors de l'atterrissage, pour lequel il convient d'attacher sa ceinture si l'on ne veut manquer aucune des trois consonnes doubles qui composent le mot. (L'amerrissage, d'un strict point de vue orthographique, peut a priori paraître moins casse-gueule, mais nous comptons bien que le lecteur n'aura pas à l'écrire. Cela dit, il est à noter que les deux r de celui-ci sont dus à l'influence d'atterrir et que la graphie « amérissage », qui n'a pu s'imposer, eût été plus conforme à la logique.) Une bonne nouvelle, tout de même, pour clore ce survol, après quoi on s'écrase : en cas de détournement, kalachnikov est, pour Larousse, aussi bien du masculin que du féminin !