God save the... ring !

< mai 2023 (no 505) >

À feuilletter les Mémoires pour le moins médiatisées du prince Harry, on peine à comprendre l'engoument que peuvent susciter les familles royales chez la commune des mortelles (puisqu'il semble acquit que c'est surtout parmi ses dames que la magie opère !). Bien loin du conte de fée, on n'apperçoit là que rancoeurs, jalousies recuites et batailles de chifonniers aux strictes antipodes du phlegme britannique : quant à ce fameux sang bleu qui coule prétendûment dans ces veines-là, c'est surtout aux ecchymoses que dissimulent d'étincellants atours qu'on le reconnaît ! Mais là réside peut-être la vraie raison de notre fascination : s'assurer que ces têtes, quelques couronnées qu'elles soient, ne sont, au fond, pas mieux faites que les notres !

 

feuilleter

médiatisés (en ce sens, le nom Mémoires, avec ou sans majuscule, est masculin pluriel)

engouement

acquis (ne pas confondre avec l'homonyme présent dans la tournure « bon pour acquit »)

ces dames

conte de fées

on n'aperçoit

rancœurs (attention à l'« e » dans l'« o » !)

chiffonniers (deux consonnes doubles)

stricts antipodes (ce nom est du masculin)

flegme (ne pas confondre avec phlegmon)

prétendument (même avant la réforme, cet adverbe ne portait pas d'accent circonflexe)

étincelants

quelque couronnées qu'elles soient (dans ce tour d'opposition quelque... que, quelque n'est variable que devant un nom)

les nôtres (il s'agit du pronom possessif, et non de l'adjectif)

N.B. On ne saurait en vouloir à quiconque aurait cru apercevoir une seizième erreur dans la « commune des mortelles » évoquée dans ce texte : l'orthodoxie grammaticale s'y trouve en effet titillée, le « commun » qui préside aux destinées de cette locution vieillie mais toujours vivace n'ayant évidemment pas vocation à prendre la marque du féminin, s'agissant moins de l'adjectif que nous connaissons aujourd'hui que d'un nom, à l'origine synonyme de « masse, foule ». La plupart auront pourtant deviné que c'était là pure fantaisie de l'auteur, impertinent clin d'œil à la manie contemporaine de tout féminiser, au nom de l'« inclusivité » et de la visibilité du beau sexe : s'étonne-t-on encore de voir évoquer dans les colonnes de nos journaux « une » membre du conseil municipal dès qu'il est question d'une dame ? Nul doute qu'on ne lui pardonne — à l'auteur, pas à la dame — d'avoir ici donné dans la provocation en se montrant, une fois n'est pas coutume, aussi iconoclaste que nombre de ses contemporains ?