À la fortune du mot
Saisissons par les cheveux l'occasion que nous offre la comète pour démontrer que si l'étymologie fait souvent ses choux gras des métaphores « pileuses », elle n'en est pas pour autant une science barbante...
Se faire des cheveux. L'opinion la plus répandue veut que cette locution pour le moins illogique — si l'on conçoit à la rigueur que les soucis fassent perdre des cheveux, on voit mal comment ils en favoriseraient la pousse — soit une ellipse de se faire des cheveux blancs (ou gris). Telle était d'ailleurs la formule dont on usait au siècle dernier. Mais il n'est pas impossible que d'autres facteurs soient entrés en ligne de compte : au même titre que le bec et l'os, le cheveu, dans la langue familière, ne revêt-il pas le sens de difficulté, d'ennui ? En témoignerait, le cas échéant, l'expression populaire : « Il y a un cheveu ! »
Quatre pelés et un tondu. C'est là le dernier avatar d'une locution qui, sous la plume de Rabelais, s'écrivit d'abord trois teigneux et un pelé... Si, avec le temps, l'assistance s'est enrichie d'une unité, elle n'en reste pas moins désespérément clairsemée ! D'autant que la qualité, en l'occurrence, ne rachète pas la quantité : des individus qui n'ont pas même de quoi s'offrir une perruque seront toujours tenus pour peu de chose...
Être né coiffé. Ceux dont on dit, en revanche, qu'ils sont nés coiffés ont de tout temps été promis aux plus hautes destinées : dès l'Antiquité on considérait en effet qu'étaient protégés par le sort les nouveau-nés qui, lors de l'accouchement, conservaient sur la tête un fragment de la membrane fœtale. Pour ces « vernis », ce serait forcément dans la poche, et pas seulement dans celle des eaux !