À la fortune du mot

< mardi 19 octobre 2004 >
Vocabulaire

La Turquie a aussi payé de ses noms propres. Beaucoup savent que l'angora doit tout à l'ancien nom d'Ankara, capitale actuelle du pays. Quant à la célèbre tour de Galata, qui domine la ville d'Istanbul depuis toujours, elle est à l'origine — il est vrai moins reluisante — de notre galetas, « logement misérable et sordide ». Cela dit, pour n'avoir pas forcément essaimé dans notre lexique, d'autres hauts lieux turcs n'en présentent pas moins une étymologie intéressante. Que l'on en juge par ces quelques exemples !

Bosphore. Serait-ce la raison pour laquelle il s'échange, aujourd'hui, tant de vacheries autour de la candidature ottomane ? Toujours est-il que, stricto sensu, le détroit du Bosphore est le « passage du bœuf ». Il est vrai que, sur son extrémité sud, la baie d'Istanbul porte le nom approprié de... Corne d'Or !

Mer de Marmara. Jadis appelée « Propontide » parce qu'elle était située en avant (pro) du Pont-Euxin, celle-là tire son nouveau nom d'une île où des colons exploitaient, au VIIe siècle avant J.-C., des carrières de marbre réputées. Les accros de la dictée n'auront pas manqué, pour leur part, de la rapprocher des « roches marmoréennes » chères au Bernard Pivot de la... demi-finale 1985 !

Thrace. Les Thraces, qui ont donné leur nom à cette région de la péninsule des Balkans aujourd'hui partagée entre Turquie, Grèce et Bulgarie, ne jouissaient pas, dans l'Antiquité, d'une flatteuse réputation chez les Grecs : ils passaient au pis pour des ivrognes, au mieux pour des excités, tout juste bons à grossir les rangs de leurs esclaves ou de leurs mercenaires. Ce n'est donc pas une surprise si l'on retrouve dans le nom susdit la racine grecque thrakh-, laquelle évoque trouble et agitation...