De deux choses l'une
Américaine ou armoricaine, là n'est pas le seul dilemme que nous réserve notre langue. En voici quelques autres, parmi ceux que nous n'avons pas encore abordés dans ces colonnes...
Une belle dentition ou une belle denture ? Quand elle ne serait pas la plus usitée, cette dernière formulation est de loin la meilleure. Dentition s'applique en effet, stricto sensu, à la formation et à l'éruption des dents, de la première enfance à la fin de l'adolescence. Cela dit, il y a belle lurette que l'on ne saute plus au collet de qui confond l'une et l'autre !
Goulet ou goulot d'étranglement ? La tradition s'agrippe au premier, même si certains crient au pléonasme : un goulet, « passage resserré entre des montagnes ou des rochers », n'est-il pas ipso facto une source d'étranglement ? Force est encore d'avouer que goulot, hier hors la loi, a pris de la bouteille et que des voix autorisées n'hésitent plus, aujourd'hui, à le défendre...
Portable ou portatif ? Qu'il s'agisse de l'ordinateur ou du téléphone, l'usage a manifestement tranché en faveur du premier. On n'en regrettera pas moins cette nouvelle concession à l'anglais, laquelle fait fi de la distinction utile entre « ce qui peut être transporté à l'occasion » (portable) et « ce qui a été conçu pour l'être souvent » (portatif). Mais s'arrête-t-on encore à de tels distinguos ?
Stupéfait ou stupéfié ? Les deux existent, chacun les a rencontrés. Il convient pourtant de ne pas les confondre. Stupéfait est un adjectif qui ne saurait être employé comme participe passé (le verbe « stupéfaire », au contraire de satisfaire, n'a pas cours). Dussiez-vous en rester... stupéfait(e), rejetez donc « cela m'a stupéfait(e) » au profit de « cela m'a stupéfié(e) » !