À la fortune du mot

< mardi 21 mai 2002 >
Vocabulaire

Que la montagne est belle dans notre lexique ! En tout cas, elle se pousse du col dans bon nombre de locutions connues (soulever des montagnes, faire une montagne de quelque chose) ou moins connues. Florilège...

Aller à la montagne. Il ne s'agit pas, tout bêtement, d'y passer ses vacances mais bien de faire les premiers pas pour dénouer une situation. N'attribue-t-on pas au Prophète le mot : « Eh ! bien, montagne, puisque tu ne veux pas venir à Mahomet, Mahomet ira à toi. » Lagardère, vil plagiaire... 

C'est la montagne qui accouche d'une souris. Nos classiques ne se sont pas fait faute de populariser cette image que l'on doit probablement au poète latin Horace. Une façon comme une autre d'ironiser sur l'issue, finalement modeste, d'un projet qui se voulait pourtant des plus ambitieux !

Faire battre des montagnes. Si vous y parvenez, ces dernières ayant la réputation d'être un tant soit peu inertes, c'est que vous avez quelque talent pour semer autour de vous la zizanie... Mieux vaudrait par conséquent que l'on ne vous reconnût pas ce genre de don.

Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. Pour les autres, tout est donc permis, et il n'est guère de rencontres, quelque inattendues qu'elles paraissent de prime abord, que le hasard ne puisse favoriser : le bon sens populaire en est intimement convaincu depuis le XVIe siècle...

Pas de montagne sans vallées. Un conseil de la plus élémentaire prudence, résumé en ces termes par le grand Furetière, dans son non moins célèbre Dictionnaire universel de 1690 : « Il faut toujours considérer les choses sous leurs différents aspects. »