Au bon beurre

< mardi 17 avril 2001 >
Vocabulaire

On vient de le vérifier : il n'est pas de p'tit LU qui tienne contre un actionnaire qui entend faire son beurre ! Quant à notre langue, elle n'est pas exempte de matières grasses. Jugez-en...

Avoir des mains de beurre. Régionalement, cela se dit encore des maladroits qui laissent échapper tout ce qu'ils tiennent.

Avoir du beurre sur la tête. De façon plus inattendue, l'expression a désigné, chez les voleurs, ceux qui avaient quelque chose à se reprocher. Probable souvenir, selon Delvau, du proverbe juif : « Si tu as du beurre sur la tête, ne va pas au soleil : il fond et tache. »

Baigne-dans-le-beurre. En argot toujours, synonyme de « souteneur ». Sans doute parce que c'est ainsi que l'on fait frire le maquereau...

Compter pour du beurre. La formule étonne, ce dernier symbolisant souvent l'argent. Allusion à la fusibilité de l'intéressé ? Bernard Galey risque une autre hypothèse : l'expression tirerait son origine d'une comptine du début du siècle, au cours de laquelle celui à qui échouait le mot « beurre » était éliminé. Pourquoi pas ?

Promettre plus de beurre que de pain. C'est évidemment faire miroiter les avantages d'une affaire, en même temps qu'on en dissimule soigneusement les inconvénients.

Terre de beurre. Des plus poétiquement, l'image s'est appliquée, dans le langage maritime du XIXe siècle, à un nuage lointain. Ne promettait-il pas de s'évanouir sous un autre éclairage, à l'instar du beurre qui fond au soleil ?

Vendre du beurre. Un équivalent ancien de « faire tapisserie ». Celui qui vendait du beurre représentait en effet celui que la société négligeait, par analogie avec le marchand qui restait désespérément seul derrière son comptoir.