À la fortune du mot
Peut-on rêver époque plus opportune que la trêve des confiseurs pour évoquer les sucreries de notre langage ?
L'avoir dans le baba. Cette onomatopée enfantine s'est appliquée à la grand-mère polonaise avant de devenir la pâtisserie que l'on sait. Peut-être, avance Bernard C. Galey, parce que l'aïeule a vocation à distribuer des friandises : ne voit-on pas en elle une « grand-maman gâteau » ? À moins, objecte Alain Rey, que le glissement de sens ne soit dû à la forme massive dudit gâteau, pouvant rappeler la paysanne engoncée dans ses vêtements ? Aussi bien, peu importe : tous les chemins mènent au rhum ! Ce qui est sûr, c'est que l'expression actuelle, équivalent familier de « se faire posséder », fait allusion à des rondeurs plus bas situées, sur lesquelles la décence nous commande de nous asseoir...
Coûter bonbon. Ne salivez pas trop vite : il y a toutes les chances pour qu'il s'agisse là de la simple déformation de « coûter bon » !
Tenir la dragée haute. Celle-ci est-elle faite de sucre et destinée aux enfants ? Ou de froment et de sarrasin, et réservée à la plus noble conquête de l'homme ? La « dragée de cheval » était en effet placée hors de portée de la bête, au-dessus du râtelier, et ne lui était servie qu'en guise de récompense. Est-il utile de trancher, les deux versions débouchant sur un même sens figuré ?
Être chocolat. Dans l'argot des joueurs de bonneteau, « faisait le chocolat » le complice qu'on laissait gagner pour appâter le gogo. Mais le clown de couleur noire Chocolat, continûment berné par son compère Footit, au Nouveau Cirque à la fin du siècle dernier, a beaucoup fait pour populariser l'expression.