À la fortune du mot

< mardi 7 septembre 1999 >
Vocabulaire

Acheter, vendre... Le plaisir de la braderie ne tient-il pas tout entier dans ces deux mots magiques ? La langue elle-même n'est pas restée indifférente à leur charme, comme l'attestent les expressions suivantes...

Au bas mot. Quand on ne s'en aviserait plus vraiment, la locution descend en droite ligne du champ de foire de jadis : initialement, ce mot représentait en effet la dernière proposition émise par le vendeur ou par l'acheteur lors d'un marchandage.

Mettre à l'encan. Ce terme curieux et quelque peu énigmatique, qui n'a plus cours que dans l'expression précitée, est la traduction presque littérale du latin in quantum ? (« pour combien ? »). C'était là la question que posaient les huissiers-priseurs à l'occasion des ventes aux enchères, qui se pratiquaient la plupart du temps à la lueur des chandelles.

Payer rubis sur l'ongle. Le type de l'expression dont l'origine n'est plus guère perçue, alors même que son sens (s'acquitter scrupuleusement de sa dette) ne pose aucun problème. Ledit rubis, qui n'a ici de la pierre que la couleur, désigne seulement la goutte qu'on laissait couler sur son ongle avant de la laper, ne fût-ce que pour prouver à son interlocuteur que l'on avait fait « cul sec », autrement dit bu son verre jusqu'à la dernière larme : c'est ainsi qu'autrefois l'on avait coutume de sceller un marché...

Avoir encore son pucelage. C'est là le triste sort de celui ou de celle qui, n'ayant encore rien vendu de la journée, attend impatiemment — en tout bien tout honneur, il va sans dire — son premier client. L'expression, citée par Delvau dans son Dictionnaire de la langue verte, remonterait au XIXe siècle.