À la fortune du mot

< mardi 20 avril 1999 >
Vocabulaire

Les verbes ne sont pas les seuls à subir la pression de l'usage. Nombre de nos locutions ne seraient elles-mêmes que des copies peu conformes aux originaux...

Mou comme une chique. Chacun sait que ce fut la chiffe qui essuya les plâtres et... mâcha la besogne à la chique en question !

Remède de bonne femme. Sans vouloir diminuer les mérites de la gent féminine en ces temps de parité, il n'est pas impossible — c'est en tout cas l'opinion de Claude Gagnière — que l'expression se soit jadis écrite de bonne fame. Elle aurait alors signifié « de bonne renommée » : c'était là le sens du fama latin, que nous retrouvons dans diffamer, infâme, malfamé...

Être en nage. Altération phonétique de l'ancien français en age ? Certains en sont convaincus, age descendant (en ligne brisée) du latin aqua, « eau ». Nous ne nous mouillerons pas...

Rester en plan. Il n'est plus d'usage, certes, d'écrire en plant, comme le conseillait Littré. Beaucoup, à l'instar de Bernard C. Galey, n'en rappellent pas moins que ce fut là la première version de cette locution : laisser quelqu'un en plan, cela ne revient-il pas, en quelque sorte, à le « planter » là ?

Tomber dans les pommes. Elle était trognon, la théorie selon laquelle ces pommes auraient été des pâmes (songez à pâmoison). Mais le ver est aujourd'hui dans le fruit, et Alain Rey préfère voir dans cette expression un avatar d'être dans les pommes cuites, « être dans un état de fatigue, d'usure », que l'on trouve sous la plume de George Sand. Dans un cas comme dans l'autre, il faut admettre que l'explication est... à croquer !