L'envers du décor

< mardi 21 mars 2006 >
Complément

Il y a des coïncidences qui font mal. Cette onzième Semaine de la langue française, censée traduire le vif intérêt que portent les pouvoirs publics à la promotion de celle-ci, a été précédée de peu par la dernière livraison de la revue Lettre(s), organe de l'Association pour la sauvegarde et l'expansion de la (même ?) langue française. On l'aura deviné, le son de cloche y est sensiblement différent. Outre la fermeture du Centre culturel de Vienne, évoquée dans ces colonnes il y a moins d'un mois, s'y trouve stigmatisée une récente déclaration de Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes, selon laquelle « la situation du français dans les instances européennes ne serait pas une priorité du gouvernement ». Pour tout dire, on s'en doutait un peu, vu les « parts de marché » régulièrement abandonnées, et sans le moindre état d'âme apparent, à l'anglais sur ce terrain, mais de là à le reconnaître de façon quasi officielle... Autre dérive dénoncée avec force, mais à l'échelon de la région cette fois : la campagne publicitaire menée il y a peu par le conseil général de l'Aisne, à grand renfort de panneaux fleurant bon le français du terroir : « L'Aisne, it's Open ! », « l'aisneglish institute is open » ou encore, véritable cerise sur le gâteau, « Aisne'joy » ! « Comme si, commente Lettre(s), le français était une langue folklorique dont les Axonais auraient honte et qu'aucun étranger convenable, c'est-à-dire britannique, ne saurait parler. » Une campagne qui aurait pu valoir à son auteur le titre peu envié de « Carpette anglaise 2005 » si ce dernier n'avait été attribué à Didier Lombard, président de France (?) Télécom, pour ses services et produits Business Talk, Live-Zoom, Family Talk... La « French touch », quoi...