À la fortune du mot... composé

< mardi 14 janvier 2003 >
Complément

Que l'on y prenne bien garde : le flottement, en l'occurrence, n'est pas l'apanage des soutiens-gorge ! L'attestent ces pluriels qui, tantôt chez Larousse, tantôt chez Robert, sont en délicatesse avec le simple bon sens...

Des chênes-lièges. La tradition veut que liège prenne un s, au détriment de la logique. Ces chênes, en effet, ne sont pas des lièges : c'est bien plutôt leur écorce qui, de l'aveu des lexicographes eux-mêmes, fournit le liège...

Des micros-cravates. Une telle orthographe, la seule admise par Larousse, ne nous paraît se défendre que si l'on use de son micro comme d'une cravate ! Le premier se contentant de s'accrocher à la seconde, celle-ci aurait selon nous gagné à demeurer invariable.

Des pianos-bars. Ne s'agit-il pas, pourtant, de bars où il vous est loisible d'entendre du piano ? La présente graphie siérait mieux à des instruments où les cordes ont fait place aux bouteilles...

Des radios-taxis. Pourquoi Robert aligne-t-il ce pluriel sur celui de radio-réveil ? Si ce dernier remplit effectivement les deux fonctions, nous avons quelque peine, avouons-le, à nous représenter le taxi susnommé sous la forme d'un poste de radio ambulant !

N.B. Les partisans d'une réforme radicale du pluriel des mots composés auront beau jeu, encore une fois, de nous opposer leur vision des choses : il n'y a plus lieu de chercher auxdits composés un sens, mais bien de les considérer comme des mots simples, qui ne prennent jamais de s ou de x au singulier et en reçoivent toujours un au pluriel. C'est une conception que nous respectons sans pour autant la partager. Cela dit, les dictionnaires ne s'y étant pas officiellement ralliés (du moins pour l'instant), un minimum de cohérence ne serait pas de trop...