En ligne pour 2006 !
Pour tourner la page 2005, quoi de plus indiqué que quelques livres ?...
Les mots à la con. Pouvait-on rêver prospecteur plus avisé que Pierre Merle pour cette collecte des mots vides de sens, dont notre époque chichiteuse est particulièrement friande ? Éditeur plus approprié que Jean-Loup Chiflet, attentif entre tous aux cocasseries du langage ? Toujours est-il que l'opuscule né de leur rencontre, lequel nous rappelle que « la machine à fabriquer du mot à la con fonctionne, en ce début de siècle, à plein régime », n'engendre pas la morosité !
Éditions Mots et Cie, 120 pages, 9 €.
Le Nouveau Charabia. Du même Pierre Merle, qui poursuit et approfondit, dans cet ouvrage plus ambitieux, son étude du « syndrome de l'incessant babil ». Innombrables exemples à l'appui (ah ! cette « solitude interactive »...), il nous fournit surtout les clés pour nous défendre de ce néofrançais « tout tricoté d'esbroufe pure ». À lire, là aussi, pour en rire, de peur d'être bientôt obligé d'en pleurer...
Éditions Milan, 320 pages, 18 €.
Dictionnaire d'orthographe. On doit cet ouvrage plus traditionnel, mais non moins utile, à Line Sommant, égérie de Bernard Pivot et pilier des championnats d'orthographe. Son but avoué est de « fournir à l'utilisateur une réponse immédiate à ce qu'il cherche : l'orthographe d'un mot, son genre, son accord... ». Mission accomplie pour ce petit livre pratique et maniable, qui propose de surcroît de précieuses pages d'annexes sur les principales difficultés de notre langue. À emporter partout avec soi, pour ne jamais être pris au dépourvu !
Guides Pocket Classiques, 480 pages, 7 €.
La majuscule, c'est capital ! Autre poids lourd des Dicos d'or, Jean-Pierre Colignon tente ici de mettre un peu d'ordre dans un domaine des plus controversés : la distinction entre majuscules et minuscules. « Ouvrage d'utilité publique et de plaisir privé », écrit Bernard Pivot dans sa préface. En tout cas, rien n'est laissé au hasard, des sigles aux patronymes en passant par les titres d'œuvres : vous saurez enfin s'il faut voir les choses en grand ou, au contraire, vous faire tout petit !
Éditions Albin Michel, 220 pages, 10 €.
Dico des noms propres devenus communs. Ce n'est pas le premier ouvrage consacré au sujet, mais force est de reconnaître que l'érudition du polyvalent Jean Maillet (cet ancien professeur, inventeur du jeu de société Étymos, est aussi premier violon d'un ensemble de musique baroque) fait merveille. Vous n'ignorerez plus rien de ces personnages, réels ou fictifs, qui ont enrichi notre langue en se perpétuant sous la forme d'un mot usuel. La vraie gloire selon Pivot, lequel n'aura pas eu cette chance : la place était prise avant qu'il n'arrive !
Éditions Albin Michel, 350 pages, 16 €.
Patience des lointains. À quoi rimeraient les mots s'ils ne se dépouillaient quelquefois de leur gangue utilitaire pour accéder à la poésie ? Bertrand Delporte, qui a troqué les ciels de Flandre contre ceux de Bretagne, y lit les mêmes promesses d'absolu. « Perpétuel transhumant du voyage intérieur », comme le qualifie joliment Yves La Prairie, il met son lecteur au pied du mur de l'exigence. Mais la patience n'est-elle pas, comme il est dit en exergue, la « clef du temps » ?
Éditions AETM France (Chambéry), 160 pages, 17 €.