L'orthographe réhabilitée
au baccalauréat ?
« Même pas cap, Pap ! »
Voilà le titre auquel vous avez échappé au cœur du mois de juillet, notre chronique ayant alors, et comme chaque année, pris ses quartiers d'été. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il aurait été prémonitoire.
Cap, le malheureux Pap Ndiaye ne le sera en effet plus jamais, puisqu'il s'est vu contraint, dans la foulée, de laisser les clefs de Grenelle à Gabriel Attal. Cela dit, les ministres passent, les problèmes restent. Et celui que soulevait notre homme avant sa mise à pied — pardon, avant sa promotion au Conseil de l'Europe — ne nous semble pas, il s'en faut, le plus futile qu'il aurait eu à traiter.
Le niveau d'orthographe dans les copies de baccalauréat (c'est malheureusement un secret de Polichinelle) se dégrade de plus en plus, allant jusqu'à hésiter, dans certains cas graves, entre le lamentable et le consternant. Une véritable épine calcanéenne dans le talon de ceux qui se félicitent de la hausse constante des admissions. Manifestement, mieux vaut applaudir certains bacheliers (comme, d'ailleurs, plus d'un diplômé des étages supérieurs) que les lire !
« À partir d'un certain niveau de langue trop problématique, avait déclaré le ministre sortant, la copie, quelle que soit sa qualité, pourrait ne pas dépasser une certaine note. » On ne fait pas plus prudent, car il reste à préciser le certain niveau et la certaine note, à définir ce qui relève du trop problématique, comme à tenir compte du conditionnel pourrait. Au-delà de la langue de bois et de l'effet d'annonce, pourtant, rien qui n'aille dans la bonne direction : pour inciter à suivre un code, qu'il soit de la route ou de la langue, il a toujours fallu des radars et des amendes.
On n'en a pas moins crié à la répression, rappelant que « du temps et des moyens » (air connu) seraient autrement utiles. C'est l'évidence, que ne niait d'ailleurs pas le ministre en promettant un « immense chantier (les mots ne coûtent pas cher) allant de l'école primaire jusqu'au bac » pour que les élèves écrivent correctement. Mais pourquoi, dans ce pays, s'entête-t-on à opposer ce qui a vocation à se compléter ?
Qu'il se soit agi là d'un énième coup de communication est probable, et les chats échaudés dont nous sommes sont payés pour le savoir. Mais faut-il toujours croire en une idée pour la défendre quand elle nous paraît relever du bon sens ? Si oui, continuons à regarder ailleurs et laissons la maison brûler…