Le refrain
des semaines à venir :
« Ô Qatarineta bella ! »

< dimanche 20 novembre 2022 >
Chronique

Vous faites partie de ceux qui s'étonnent encore que l'on puisse, fût-ce au pays de Molière, interrompre un match de football pour s'en remettre à la décision de L'Avare ? Le livre qui suit est fait pour vous...

Grâce à lui, vous saurez enfin ce qu'est une « arconada », une « panenka » ou une « madjer » ; quelle punition c'est, pour un footballeur, d'avoir à « cirer le banc » ; qui a, un jour, accouché de cette pensée profonde : « Si c'est dedans, c'est pareil ! »… Peut-être même ne confondrez-vous plus, c'est vous dire, le « coup du chapeau » et le « coup du crapaud » !

C'est que le football est un sport qui se parle au moins autant qu'il se joue. Qu'un joueur coure vers le ballon, il « fait l'effort » ; qu'il temporise, il « cherche une solution » ; qu'au contraire il ne se pose pas de questions, il prend la balle « comme elle vient ».

Le gardien se saisit avec autorité de cette dernière sur ce que nos voisins belges continuent d'appeler un « coup de pied de coin » ? C'est ça, vous explique-t-on doctement, qui « rassure une défense » ! Le buteur maison s'aide de la main pour catapulter le ballon au fond des filets ? On vous servira l'inévitable « main de Dieu », et que ferez-vous, on vous le demande, si vous n'y reconnaissez pas instantanément la patte de Diego Maradona, alias « el Pibe de Oro » ?

Si vous ne voulez donc pas que, ces prochaines semaines, les plus fines allusions des commentateurs vous échappent irrémédiablement, procurez-vous sans plus tarder ce En plein dans la lucarne !, préfacé par Michel Denisot et publié, excusez du peu, par les prestigieuses éditions Le Robert. Et pour peu que, le 18 décembre prochain, nos Bleus mènent d'un tout petit but à cinq minutes du coup de sifflet final, vous pourrez toujours leur donner un coup de main pour « fermer la boutique » et « mettre le bus devant le but » !

En tout cas, une chose est sûre : une fois ce livre refermé, jamais plus vous ne croirez qu'un joueur qui « mouille le maillot » et « va au pressing » le porte chez le teinturier, après avoir tenté, en vain, de le nettoyer lui-même…

Comment, dès lors, ne pas laisser le mot de la fin à l'inénarrable Thierry Roland, lequel eût sans doute conclu, s'il était encore de ce monde : « Après avoir lu ça, on peut mourir tranquille ! »

 

« En plein dans la lucarne », par Médéric Gasquet-Cyris et Arnaud Richard, (éd. Le Robert) ; 320 p., 17,90 €.