Au royaume d'Esculape
il y a du monde,
mais qui fait quoi au juste ?
À quelque chose virus est bon, la crise sanitaire nous aura fait redécouvrir une pléiade d'experts en -iste et en -logue, aux titres aussi ronflants les uns que les autres. Pour vous y reconnaître, suivez le guide !
Au plus près de la couche des malades, l'infectiologue. Celui-là est un clinicien, qui diagnostique, soigne et prescrit. Quand, on s'en doute, le coronavirus retiendrait actuellement l'essentiel de son temps, relèvent également de sa compétence bactéries, champignons et parasites.
Le virologue, lui, est un chercheur qui hante surtout les laboratoires. C'est un microbiologiste, au même titre que le bactériologiste, le mycologue et le protistologue : à chacun son micro-organisme, comme expliqué ci-dessus ! Notre virologue est, comme son nom l'indique, le grand spécialiste du virus : c'est à lui que revient notamment la tâche de tester les échantillons prélevés au tréfonds des fosses nasales des présumés contaminés.
Pas forcément médecin, l'épidémiologiste est, pour sa part, l'homme des stats : c'est lui qui modélise l'évolution de la maladie, avec force courbes et projections. Ce qui ne l'empêche nullement de lâcher à l'occasion la souris pour le pangolin, quand il s'agit par exemple d'aller arpenter le terrain pour déterminer l'origine du virus.
Il faudrait, pour être complet, évoquer encore l'immunologue et le vaccinologue, dont la connaissance approfondie du système immunitaire est tôt ou tard sollicitée. Car tout ce petit monde travaille évidemment la main dans la main... du moins tant que l'aura des uns ne vient pas faire d'ombre à celle des autres ! N'oublions pas que ceux qui précèdent ont un point commun que l'information en continu renforce de jour en jour : à leurs rares heures perdues (il faut croire qu'il en reste), ils courent d'un plateau de télévision à l'autre pour égrener un discours qui n'a de chances d'être audible que si, par quelque côté, il tranche sur celui de ses pairs.
N'oublions pas davantage qu'à la base de la pyramide se débattent comme ils peuvent de nombreux médecins anonymes, que guettent assurément moins les feux de la notoriété que les postillons du cru. Ces généralistes ont droit eux aussi à leur suffixe, mais gageons qu'il leur est arrivé de se demander, ces derniers temps, si l'on ne faisait pas rimer le leur avec lampiste. C'est que notre langue, dans son égalitarisme apparent, peut quelquefois se révéler cruelle.