Emmanuelle Wargon entre
pic de pollution et pics des médias !

< dimanche 3 mars 2019 >
Chronique

Au moins, plus personne n'ignorera le nom de notre secrétaire d'État à l'Écologie : rien de tel que de rouler à 150 km/h en pleine alerte aux particules fines pour retenir l'attention de Français en mal d'exemplarité !

Cela dit, que l'on ne compte pas sur le chroniqueur de langue pour qu'il en remette une couche sur cet asphalte encore brûlant. Il ne fait ici que sauter sur l'occasion de distinguer deux homophones qui nous donnent bien du fil à retordre dans la vie de tous les jours : pic et pique (et Instagram, ajouteront tous ceux qui se la jouent branchés).

D'abord, le pic. De pollution, on l'a dit, mais aussi, en ces temps propices aux virus, d'épidémie : durant les mois d'hiver, on ne cesse de se demander si cette dernière, qu'elle soit de grippe ou de gastro, a « atteint son pic ». Mais que l'on se rassure : l'été ne sera pas en reste, le réchauffement climatique nous promettant quelques « pics de chaleur » bien sentis ! Quant à ceux que ces extrêmes pousseraient à des solutions du même genre, il leur restera toujours le pic à glace de Sharon Stone...

Les ennuis commencent quand on se... pique d'écrire de la même façon ces « réflexions blessantes » qui sont monnaie courante dans le débat politique pour le moins passionné d'aujourd'hui. Certes, se verra accorder le bénéfice du doute le lecteur qui écrivit un jour à La Voix du Nord que, chaque fois que notre premier de cordée (on aura reconnu Emmanuel, au masculin cette fois) descendait dans la rue, c'était pour envoyer « un pic ». Dans un contexte plus sérieux et dépouillé de toute allusion à l'alpinisme, c'est plutôt d'« une pique » qu'il conviendrait de parler, en référence aux armes d'hast qui se balançaient autrefois sur l'ennemi.

Plus épineux encore est le cas de la « petite tige de bois ou de plastique, pointue à ses extrémités et dont on se sert pour manger des olives, des canapés, des amuse-gueule, etc. » C'est à bon droit que l'on hésiterait, d'autant que Larousse et Robert fuient sans se retourner. Heureusement que l'Académie, elle, ne se défile pas et opte clairement, en l'espèce, pour « une pique ». Le premier iconoclaste qui en conclut que nos immortels n'aiment rien tant que prendre l'apéro avant de s'astreindre à la séance du dictionnaire n'aura pas forcément perdu !