Au mémorial de Vimy, une affaire
de coquilles étouffée dans l'œuf !
Nous sommes en 2007 après Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée à parler un français de plus en plus abâtardi... Toute ? Non ! Un lopin de terre peuplé d'irréductibles Canadiens résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'y est pas facile pour ceux qui, à la faveur de Pâques, croient pouvoir s'autoriser quelques coquilles... Nos lecteurs l'auront compris, car ils ont eu vent de l'affaire dès le 6 avril : le lopin susdit est celui que la France, à Vimy, a cédé au Canada pour qu'il y édifie un mémorial à la gloire de ses vaillants soldats. Ce dernier dimanche n'aura d'ailleurs pas peu contribué à braquer sur lui les feux de l'actualité puisque l'on vient d'y célébrer avec faste le 90e anniversaire de la bataille d'Arras. Ce qui a pu échapper, en revanche, à bon nombre de nos compatriotes, car l'information est loin d'avoir connu en France le retentissement qu'elle a eu chez nos cousins du Québec, c'est le psychodrame qu'a provoqué, quelques jours avant la cérémonie, le relevé de fautes flagrantes — « monumentales », ont osé certains, peut-être influencés par le site — sur les panneaux explicatifs installés sur place par les autorités canadiennes. On y faisait état, par exemple, d'explosives entreposés dans des chambers. On y lisait qu'« une entreprise employaient des hommes », ou encore que « trouver des tunnels requière souvent l'utilisation de techniques d'examen dépassé et ennuyeux ». Rien que de très banal, au fond, pour le citoyen français lambda, qui n'ose plus, depuis longtemps, promener son regard sur les panonceaux qui l'environnent, de peur d'y voir définitivement remis en cause le peu qu'il a retenu de ses chères études. Au Canada, le gouvernement a tremblé. « Épouvantable et dégueulasse, a tonné Elphège Renaud, président de la section de Québec de l'Assemblée des anciens combattants du Royal 22e Régiment : il vient des gens de partout à travers le monde pour visiter le mémorial et on leur présente des panneaux mal écrits ! » « Manque de respect envers la culture francophone », a renchéri un député, qui a dans la foulée déposé une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles. Les instances fédérales, accusées de manquer au bilinguisme et de se soucier des francophones comme d'une guigne, ont reconnu leurs torts et fait procéder, en un temps record, au remplacement des plaques incriminées.
C'est qu'on ne badine pas avec la langue française. Au Québec.