Le « Royaume » de TF1 jeté aux oubliettes de la télé-réalité

Ni fleurs ni... couronne !

< mardi 7 mars 2006 >
Chronique

On ne doutait pas que, pour doper l'Audimat, la chaîne de Patrick Le Lay n'eût plus d'une tour dans son sac. On la savait également capable, depuis un certain « Fiancé » à l'incroyable impact, d'offrir à ses protégés, pour les besoins de la cause, une authentique vie de château. Au risque évidemment que ces célébrités saisonnières — la Star Ac' nous en a fourni maints exemples — finissent dans un cul-de-basse-fosse avant même d'avoir pu renifler le parfum de la gloire. Partant, gageons qu'il se sera trouvé peu de téléspectateurs pour s'étonner de se voir catapulter dans notre passé moyenâgeux : heureux les accros de la télé-réalité puisque, désormais, le « Royaume » était censé leur appartenir !

Pour notre part et pour tout vous avouer, voilà un moment que nous nous y préparions, ayant longtemps et héroïquement résisté à la tentation de vous rappeler qu'à château fort on ne met pas de trait d'union, quelque envie que l'on en ait. Ce coupable penchant s'explique sans doute par le fait que nous voyons le plus souvent dans ce fort-là un nom, synonyme de « forteresse », alors qu'il est de toute évidence un adjectif : il s'agit bien d'un château « fortifié », autrement dit muni d'ouvrages de défense. C'est celui que nous retrouvons d'ailleurs dans la place forte et, plus près de nous, dans la chambre forte, cette pièce blindée où l'on entrepose les objets de valeur. Jusque-là, rien à redire. Mais pourquoi diable nous oblige-t-on à recourir au trait d'union pour coffre-fort ? Pourquoi avoir fait un nom composé de celui-là, quand il n'est que trop clair qu'il joute dans la même lice que les trois précédents ? Le distinguo d'avec la chambre forte, notamment, est si difficile à plaider qu'il arrive au Petit Robert, par distraction sans doute, de le gratifier d'un trait d'union ! À tant faire, il eût été mieux inspiré de forcer le coffre-fort pour lui ôter le sien, que tous les ouvrages de référence préconisent, mais sans le justifier jamais. Les réformateurs de 1990 eux-mêmes, pourtant si prompts à montrer du doigt les aberrations de notre orthographe, n'ont à notre connaissance jamais évoqué celle-là. Merci à Étienne Mougeotte de nous en avoir fourni le prétexte, si éphémère qu'il se soit révélé. Cette nouvelle foire du trône n'ayant pas, selon la formule consacrée, « trouvé son public », le pont-levis a en effet été définitivement levé. Il faut croire que ce créneau-là était beaucoup moins porteur que prévu...