Avec « 1re compagnie », la téléréalité reprend du service
Quand TF1 se donne des airs
de « Canal pluches »...
Une septième de perdue, une première de retrouvée ! Quand l'étrange lucarne ne nous abreuve pas de ses rediffusions franchouillardes, elle creuse, chaque jour plus profond, le sillon de la téléréalité. Après le loft, la ferme et le pensionnat (on nous saura gré d'en passer, et des pires !), voici donc la caserne. Aussi bien, qu'importe le bidon pourvu qu'on ait l'ivresse de l'Audimat ! On ne saurait même, en dépit du contexte, reprocher à ces engagés d'aller à la soupe : cette armée-là, que ne renierait pas le bon docteur Kouchner, fait dans l'humanitaire et les patates qu'on lui fera éplucher sur place seront intégralement versées à des « assoces ». Et tant pis pour celles dont les champions, libérés plus tôt que prévu, auront cru bon d'objecter à leurs supérieurs d'opérette qu'une pomme de terre, loin de devoir toujours être pelée, est aussi présentable « en robe de chambre » ! Telle est — saisissons du moins ce prétexte pour le rappeler — la locution d'origine, attestée dès 1870, pour désigner le tubercule cuit avec sa peau. Ce n'est que deux guerres plus tard qu'à tort ou à raison, substituant une métaphore à une autre, un lexicographe un brin poète s'avisa qu'une « robe des champs » lui siérait mieux. Depuis lors, les deux versions cohabitent tant bien que mal dans les dictionnaires et sur la carte du restaurant. D'un lexique qui en pince visiblement pour les variantes, le homard fournirait un exemple non moins probant. Il serait même fondé à bisquer : « revenu à l'huile avec une mirepoix, flambé au cognac, mouillé au vin blanc et au fumet de poisson, cuit avec des tomates concassées » (le Grand Larousse dixit), il eut d'abord droit à l'estampille « à l'américaine ». Jusqu'à ce qu'en 1918 ses prétentions soient sensiblement revues à la baisse, la recette ayant été attribuée entre-temps à un cuisinier de Saint-Pol-de-Léon. Ce homard rebaptisé « à l'armoricaine » n'aurait pourtant pas plus de légitimité que son prédécesseur puisque, à en croire cette fois le Grand Robert, l'apprêt en question serait en réalité... méridional ! C'est égal : il est à espérer que, dans une langue aussi encline à la confusion, l'on n'aille pas dorénavant assimiler la télé de Boccolini à celle, hier, de Morandini ! En attendant, gageons que plus d'un téléspectateur guettera la quille avec autant d'impatience, sinon plus, que les recrues...