À moins d'un arrangement au forceps...

Obstetrix contre Assurancetourix !

< mardi 31 décembre 2002 >
Chronique

Il faut ici rendre à César ce qui appartient aux artistes de la césarienne : leur ultimatum aux compagnies d'assurances, qu'ils accusent de ne pas y aller avec le dos de la cuillère, est le plus original que l'on ait connu depuis longtemps. À y bien regarder, on ne menace plus seulement de cesser le travail, mais aussi de prolonger indéfiniment celui des autres. Plus révolutionnaire encore : la grève ne sert plus à montrer ce que l'on a dans le ventre, mais à l'y maintenir enfoui. Les gynécologues obstétriciens libéraux ont été en effet des plus clairs : pour peu que l'on s'obstine à leur réclamer des primes exorbitantes, ils n'officieront plus à partir de demain. Bis repetita, non placenta ! Du coup, les brioches risquent d'être plus nombreuses que jamais au matin du réveillon... Et qu'arrivera-t-il si nos praticiens en colère se mettent dans la tête de faire la grève sur le tas ? Cela dit, gardons-nous de dramatiser. Rien ne dit, en dépit du contexte utérin, que nous soyons promis à une guerre de tranchées : le bébé sera sûrement refilé au ministère de la Santé, dont nos obstétriciens, en connaisseurs, ont d'ailleurs commencé à faire... le siège. On peut même raisonnablement penser que M. Raffarin, qui n'a jamais caché son attirance pour la France d'en bas, s'emparera du dossier et ouvrira les vannes pour que puissent se perdre les eaux. Vous ne voudriez tout de même pas qu'il mît les rebelles aux fers ou qu'il signât à leur encontre un arrêté d'expulsion ? Bref, et c'est tant mieux, la montagne a toutes les chances d'accoucher d'une souris, comme cette regrettable affaire de se conclure à terme et en bons termes. Il ne restera plus, dès lors, au chroniqueur du langage qu'à saisir l'occasion de rappeler un point d'orthographe ô combien épineux : le nouveau-né, qu'il s'habille de bleu ou de rose, ne prend jamais de x au pluriel (des nouveau-nés, des nouveau-nées). Peut-être, avanceront les poètes, parce que Dame Nature l'a opportunément tenu à l'écart des règles. Plus vraisemblablement, rétorqueront ces rabat-joie de grammairiens, parce que nouveau est un adverbe qui équivaut à nouvellement et que, comme tel, il ne peut varier. Que cette chausse-trap(p)e, cela dit, ne vous empêche pas de fêter dignement l'an neuf : nous nous en voudrions, eu égard à ce qui précède, de ne pas vous présenter nos morveux les meilleurs...