Avec le Maillon faible de la première chaîne...
Voici venir le temps du...
ludiquement correct !
S'est-on toujours avisé qu'il y avait du « Loft story » dans ce Maillon faible que nous propose depuis peu TF1, chaque soir à 19 h ? Comme dans l'émission — désormais emblématique — de M6, les concurrents s'y éliminent un à un : ils n'ont pas même besoin, ici, de l'aide du public ! Comme dans le loft, on y est attentif aux états d'âme des candidats : complaisant, un micro se tend pour recueillir leurs impressions au moment précis où ils viennent de se faire blackbouler. Rancœur garantie, et plus si manque d'affinités. La seule différence réside finalement dans le fait que le viré, loin d'être traité en héros et de se voir proposer toutes sortes de contrats mirifiques, repart ici comme un péteux... et sans un kopeck ! On se demande bien comment, dans un premier temps, on a pu trouver à ce jeu un faux air de Qui veut gagner des millions ? Cette musique mélodramatique, peut-être, ou encore l'obscurité dans laquelle se trouve plongé le plateau... Car, pour le reste, l'animatrice (laquelle force sans doute sa nature) est aussi cassante que Foucault peut être mielleux. Les concurrents, au lieu d'être portés aux nues quand, sans la moindre hésitation, ils ont reconnu en Rome la capitale de l'Italie, sont ici moqués, bafoués, broyés. Loin de s'extasier, enfin, sur la somme rondelette qu'en dépit parfois d'une ignorance crasse ils viennent de gagner, on ne cesse de leur jeter à la face leurs criantes lacunes. D'ailleurs, qui n'aura remarqué qu'ici les réponses ne sont jamais justes, exactes encore moins : elles sont tout au plus « correctes », avec ce que cela sous-entend de condescendance, voire de coupable indulgence de la part du jury. L'adjectif, martelé sur un ton monocorde par la taulière à chaque réussite du candidat, ne descend-il pas du latin correctus ? Étymologiquement : ce qui a été corrigé, redressé, au besoin par la force : on se souvient qu'avant que ne sévisse le politiquement... correct, le centre d'éducation surveillée répondait au nom moins équivoque de maison de correction. Rien n'a donc été laissé au hasard, et le mot convient à merveille à cette atmosphère sadomaso qui, de plus en plus, baigne notre télévision. Les téléspectateurs adoreraient-ils leurs chaînes au point, de leur plein gré, de s'en faire les esclaves ?