Balembois-Dewaele,
le ticket gagnant pour New York ?

La Voix du Nord (Hazebrouck)
novembre 1991

Depuis six ans, tout ce que le Nord compte de passionnés d’orthographe attendait le successeur de Bruno Dewaele. La victoire inaugurale du professeur du lycée des Flandres était certes de nature à susciter des vocations mais, jusqu’ici, ni Jacques Frammery ni Michèle Balembois, qui totalisaient six finales malheureuses à eux deux, n’étaient parvenus à décrocher la timbale. C’est pourtant chose faite, désormais, pour l’habitante de Fontaine-au-Pire, laquelle, samedi dernier, s’est montrée la meilleure en ne commettant que deux fautes dans un texte qui restera assurément dans les mémoires. Du même coup, l’intéressée a décroché, à son tour, son billet d’avion pour New York où, on le sait, se déroulera le 11 avril prochain la superfinale qui doit fermer en apothéose la parenthèse des championnats d’orthographe.

Dans le cadre grandiose et chargé d’histoire de la salle de réunion de l’assemblée générale des Nations unies, il s’agira tout d’abord, de toute évidence, de célébrer une langue française qui en a bien besoin par les temps qui courent : participeront en effet à la fête cent vingt-trois pays, francophones ou non, pas un de moins ! Mais, par-delà l’aspect bigarré et bon enfant de cette tour de Babel linguistique, chacun, on s’en doute, aura les yeux fixés sur l’épreuve reine, celle des seniors professionnels, qui réunira, en une sorte de « masters », les sept champions de France couronnés depuis 1985. Ceux-là n’auront probablement que faire du tourisme et des cinq jours de rêve qu’on leur promet déjà à l’hôtel Hilton International : il s’agira plutôt de trancher une question de suprématie, même si, à ce niveau où les concurrents se tiennent évidemment de très près, le vainqueur risque fort d’être celui qui aura le mieux supporté... les effets du décalage horaire !

Quoi qu’il en soit, le Nord dispose à présent, pour cet ultime « combat de coqs », de deux chances au lieu d’une, et ce n’est pas la Caisse régionale du Crédit Agricole, la banque coorganisatrice de l’épreuve, qui s’en plaindra : elle vient d’annoncer son intention de recevoir prochainement les deux champions à Lille, afin de leur prodiguer ses encouragements.

Sur le papier, il ne fait aucun doute que Mme Balembois tient actuellement la corde : ses malheurs d’hier font, paradoxalement, sa force d’aujourd’hui ! Elle n’a pas « dételé » depuis 1985 et le dictionnaire n’a pratiquement plus le moindre secret pour elle. Mais l’orthographe, c’est bien connu, ne fait pas toujours bon ménage avec la logique, et l’on peut faire confiance au président d’A.L.P.HA. : il saura mettre à profit les quelques mois qui le séparent encore de l’échéance pour revenir au niveau qui était le sien en 1985. On lui pardonnera donc s’il se fait moins présent sur la scène hazebrouckoise dans les semaines qui viennent : c’est pour la bonne cause !