La loi Toubon relative à l’emploi du français
fête ses trois ans
Langue : un bilan (globalement) positif
11 novembre 1997
La loi Toubon, ça marche ! C’est en substance le message qu’Anne Magnant, déléguée générale à la langue française au ministère de la Culture et de la Communication, a délivré à la presse, le 5 novembre, à quelques jours du sommet francophone d’Hanoi.
Elle rappela l’esprit de cette loi, laquelle n’avait pas fait l’unanimité lors de sa promulgation, le 4 août 1994 : ni protectionnisme (loin d’abolir les privilèges des langues étrangères, elle favorise le plurilinguisme) ni purisme (il s’agit moins de veiller à la qualité du français qu’au maintien de sa présence sur le sol national). Un projet certes opportun dans le contexte actuel de mondialisation des échanges ; par ces temps qui courent... à l’uniformité, la monnaie n’est pas la seule à se rêver unique !
Les résultats, au demeurant, seraient plus qu’encourageants. Et la déléguée générale d’énumérer les secteurs où des progrès significatifs ont été constatés. Celui de la protection du consommateur, surtout : personne ne conteste plus le droit à recevoir une information claire, rédigée dans sa langue maternelle.
Le même optimisme prévaudrait dans les domaines de la publicité et de l’audiovisuel. L’Éducation nationale serait, elle aussi, créditée d’un bon point : n’a-t-elle pas fait de la maîtrise du français un de ses objectifs prioritaires ?
Ombres au tableau
Cela dit, langue française ne saurait rimer avec langue de bois et le tableau se devait de comporter quelques ombres : l’informatique, où le français ne crève toujours pas l’écran ; Internet, qui voit l’anglo-américain régner en maître ; les colloques scientifiques internationaux, où, en dépit des aides consenties par l’État, la traduction passe trop souvent pour un luxe.
Partant, si, dans la salle, chacun se félicitait des avancées susdites, on n’en mesurait pas moins le chemin qu’il restait à parcourir. Certains s’interrogèrent même, avec un brin de perfidie, sur la sincérité des intentions gouvernementales en la matière, le ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre ayant déclaré, le 30 août dernier, qu’il fallait cesser de considérer l’anglais comme une langue étrangère !
Anne Magnant eut beau souligner le caractère officieux du propos, elle n’a qu’à demi convaincu : des tracts distribués sous le manteau par le Collectif langue française appelaient à une manifestation de protestation, le 14 novembre, contre cette nouvelle petite phrase du locataire de la rue de Grenelle, jugée peu compatible avec la politique menée en faveur de la langue française.