À la mémoire de Marie Sistrier
S'il te plaît, dessine-moi un bouquet...
4 juin 1992
Mado n'est plus. Et sur certains pétales, ce matin, j'ai cru lire autre chose que de la rosée...
Mado n'est plus. Aux dernières nouvelles, elle s'en serait allée de l'autre côté de la toile, comme pour s'assurer que ses fleurs y gardaient leur parfum.
C'est tout Mado, ça. Perfectionniste.
Elle a rangé ses couleurs, confié le chevalet au mur, sans un mot. À force de traquer l'instant, le peintre a le sens de l'éphémère.
À l'heure où je parle, je l'imagine qui, déjà, hante d'autres galeries, fait la joie d'autres cimaises.
J'en devine, là-haut, là-bas, qui ont bien de la chance. Certes, il leur sera plus difficile, désormais, d'avoir la parole. Mais le bonheur rare d'être interrompu par qui parle juste !
Adieu, Mado. Je ne te lance pas davantage de fleurs, elles n'arriveraient pas à la tige des tiennes. Et puis, là où tu es, rien ne se fane plus. Quels merveilleux bouquets tu vas faire !
Mets-m'en un de côté... Tu veux bien, Mado ?