Lille 3 se met en quatre pour la culture
Quand les amphis redeviennent théâtres...
15 octobre 1998
Il fut un temps où nos universités ressemblaient aux halls de gare. L'étudiant y avait un faux air de voyageur en transit, soucieux de ne pas rater sa correspondance pour la vie active. Quant au prof, qui se savait au terminus, il ne s'attardait guère, rêvant à d'autres voies. À leur décharge, ce béton que l'on avait coulé autour d'eux, comme pour les isoler du monde... Passe encore que nos amphis n'aient plus la forme de leurs glorieux aînés, mais qu'ils n'en aient plus l'âme ?
Ce temps-là est révolu. Certes, le béton demeure, mais qu'importent les pavés quand ils mènent à la plage ? Invitée par une loi de 1984 à « favoriser l'innovation et la création », l'Université ne se borne plus à transmettre des savoirs : elle se veut lieu de vie, où s'épanouissent les potentialités de chacun. Une tâche qui ne semble pas a priori au-dessus de ses facultés !
L'effort consenti sur ce terrain par Lille 3 est en tout cas exemplaire. Sous l'impulsion, cette année, de Madeleine Descargues, maître de conférences et chargée de mission à la culture, a été bâti un programme des plus ambitieux, dont l'éclectisme n'a d'égale que la cohérence : du monde volontiers fermé des francs-maçons à celui, ouvert jusqu'au vertige, du cyberespace ; de l'interrogation, intemporelle, sur Dieu aux problèmes spécifiques de l'Irlande (que viendra évoquer une parlementaire du Sinn Féin), le propos est bien de questionner les savoirs... pour n'être pas tenté de s'en gargariser !
Autre credo avoué : la nécessaire implication des étudiants, appelés à devenir acteurs de leur propre culture. Ici, point d'expositions pour épater la galerie : celles qui auront pour cadre les Trois Lacs seront autant de prétextes à les mettre dans le bain... de l'organisation. De même, on veut croire que les nombreuses têtes d'affiche invitées susciteront des vocations : soirées Culture première offrant au danseur ses premiers pas, au musicien ses premiers la ; ateliers de théâtre pour qui voudrait goûter aux planches sans pour autant foncer dans le décor, tout a été prévu pour offrir aux jeunes créateurs matériel, espace et même public ! On en souhaiterait presque d'être renvoyé à ses chères études...