Quand le vin est tiré, il faut le vendre !

(Nivelles - 2013)

Le Premier ministre de la République française entend-il s'entourer de beaux nez rouges ? Toujours est-il que, quelque six mois après l'Élysée — lequel, dans l'opération, avait grappillé sept cent dix-huit mille huit cents euros —, Matignon va vendre à l'encan dix pour cent de sa cave. Cela se fera à la Saint-Nicolas (clin d'œil au président d'hier, censé ne boire que du Coca ?), dans une salle des ventes mythique de la capitale. Nul doute que le Tout-Paris ne réponde « Tope là ! » et coure au-devant de ces crus classés qu'un macaron spécial aura mués, ni plus ni moins, en collectors : « Qu'importe l'ivresse, pourvu qu'on ait le flacon ! », se seront dit nombre d'iconoclastes, trop heureux de mettre sens dessus dessous ce vieil Alfred.

Certes, quolibets, brocards, et autres railleries du même tonneau promettent d'être légion. D'aucuns susurreront que si notre Ayrault vide ainsi son chai, c'est pour faire de la place à la piquette que pourraient bientôt lui valoir des municipales tournant au vinaigre. D'autres, psychanalystes refoulés, subodoreront là, de la part de quelqu'un qui — fonction oblige — a pris de la bouteille, une peur inavouée de rester en carafe : renoncer à un fromage est toujours douloureux, mais que dire quand c'est Aubry à qui l'on songe pour vous remplacer ! D'autres enfin insinueront que le meilleur moyen de ne pas le boire jusqu'à la lie est encore de se débarrasser du calice. Bref, le pinard ne sera pas le seul à être chambré !

Peut-être même se trouvera-t-il des éteignoirs pour mettre en garde le chaland : sied-il de s'approvisionner chez un politicien constamment appelé — fût-il, en bon Nantais, amateur de gros-plant — à mettre de l'eau dans son vin ? Que l'on se tranquillise, le stock n'inclura ni ginguet ni reginglard : rien que du gouleyant, du bouqueté, seulement des vins de Bordeaux et de grands bourgognes, à l'instar de ces romanées millésimés qui se font fort d'atteindre, à ce palmarès d'échanson, des enchères record ! C'est que s'il est aisé, sur l'écotaxe, de bourrer le mou aux Français, il n'en va plus de même dès qu'il est question de cet autre moût dont, de toute éternité, ces bons vivants se sont enorgueillis.

 

TEST

Ces boissons-là ne seront pas toutes proposées aux acheteurs, mais est-ce une raison pour ne pas savoir les écrire ?

cappuccino, citronnade, diabolo menthe, jus d'orange, limonade (fin pour les juniors) ;

banyuls, chablis, gewurztraminer, mercurey, meursault, vouvray (fin pour les seniors amateurs) ;

alicante Bouschet, aligoté, corbières, merlot, monbazillac, montrachet, syrah (fin pour les seniors professionnels).