L'échappée belge
(Nivelles - 2012)
Halte-là ! C'en est trop ! Ne suffit-il pas qu'un Français tant soit peu en vue — athlète, artiste du showbiz ou homme d'affaires — croie bon de solliciter la nationalité belge pour qu'aussitôt on le taxe des pires arrière-pensées fiscales ? Certes, on n'exclura pas que d'aucuns se soient laissé impressionner par l'ébouriffante tranche de Hollande à soixante-quinze pour cent ; ni qu'un Johnny Hallyday, marri de tout le mal qu'on lui fait, retienne surtout de la Belgique... le bon cens près de chez lui ! Mais résumer le plat pays à cette commodité ô combien mesquine, ne serait-ce pas dangereusement réducteur ? Pour se rendre aimable, ce dernier n'a-t-il pas en magasin des atouts autrement convaincants ?
Car enfin, c'est à croire que céans n'ont jamais éclos que des brêles ! Vous en connaissez pourtant beaucoup qui, à l'instar de Geluck, se soient ingéniés à donner une langue, fût-elle un brin sentencieuse, au chat ? Et les Hergé, les Simenon, les Devos ? Puissent leurs mânes vénérés quitter leur douillet empyrée pour rappeler que, sans cette terre qui les a vus grandir, la face du monde eût été changée ! Ce n'est pas parce que Magritte a cassé sa pipe — qui n'en était d'ailleurs pas une — que le tabac qu'il a fait dans les pinacothèques tendance doit partir en fumée... Parce que le grand Jacques ne pousse plus la chansonnette que ses accents empreints de donquichottisme ne résonnent plus dans nos cœurs...
Tout ça ne se mange pas en salade, maugréeront nonobstant nos irréductibles Gaulois, peu enclins à jeter ttoro, pieds paquets, jésus de Lyon et autres beaux bébés de leur gastronomie si cotée avec l'eau du bain. Il leur reste à découvrir que les vitoulets, la gosette aux pommes et la chiffonnade de chicons à la mousse d'elbot les valent bien. Non, décidément : qu'on aspire à devenir Belge n'a rien d'intrigant, quand on n'aurait pas des mille et des cents à abrier. Ce qui atterrerait, en revanche, c'est que l'on s'entêtât à détricoter pareil pays de cocagne : il n'est pas certain, en effet, que les eldorados se divisent aussi impunément que ces cellules malignes auxquelles a trop souvent affaire l'Institut Bordet...
TEST
1) Les juniors et les seniors amateurs diront si ces mots qui ont émaillé les dictées de Nivelles sont du masculin ou du féminin :
anophèle, pénates, patenôtre, sévices, épistaxis, monospace, athénée, obélisque, aérogare, rêne.
2) Les seniors professionnels écriront sans se tromper ces vingt-cinq mots (un par année !) qui, selon le principe du « Marabout, bout d'ficelle », partent de Nivelles pour y revenir :
Nivelles, velvote, vocero (vocéro), Rhovyl (rhovyl), vilayet, hiérophante, fantomatique, tiqueture, turnep, népenthès, tesla, lamantin, timbale, balsa, zaouïa, yatagan, gambit, biwa, hoyau, yeoman, maneton, tombac, bakchich, chiche-kebab (chiche-kébab, chichekébab), babiroussa, sanie, Nivelles !