Touche pas à mon potard !
(Mons-en-Barœul - 2011)
Si l'on en croit les gazettes, rien ne va plus dans le petit monde de la pharmacie... À moins qu'il ne s'agît là de contes d'apothicaires soucieux, par ces temps de crise, de ne plus passer pour des privilégiés, la cote d'alerte serait atteinte, voire dépassée, dans nombre d'officines, et le bilan près d'y être déposé ! Le cachet de la poste n'y ferait donc plus foi ? La potion, de magique qu'elle fut longtemps, serait-elle redevenue amère ? Cette pilule, que l'on s'est volontiers dorée, apparaîtrait-elle aujourd'hui dure à avaler ? Quoi qu'il en soit, défatigants et tranquillisants sont consommés sur place plutôt qu'emportés, car la célèbre croix verte pourrait bien, incessamment, chercher refuge à la Croix-Rouge...
Qui, alors, nous délivrerait notre chère aspirine, nos jolis granules, nos habituels antidotes ? Qui décrypterait les pattes de mouche(s) — pour ne pas dire les hiéroglyphes abscons — de nos négligents toubibs ? À qui confierions-nous ces menus maux que, jusque-là, nous jugions indignes d'être soumis à la gent médicale : nos coryzas saisonniers, nos compères-loriots, nos urticaires occasionnelles ? De qui, en cas de bobo, prendrions-nous conseil lorsqu'il nous faudrait couper et remettre les gazes ? D'autant que ces petits services, le plus souvent gracieux, ne grevaient pas les budgets : on s'en acquittait la plupart du temps d'un simple compliment, du style « Voilà qui est pansé ! »
Cela dit, les premiers chiffonnés, s'ils venaient par exemple à être dépouillés de leurs loochs, devraient être les obsessionnels de l'orthographe. Difficile de se passer en effet de la tyrothricine, de l'acide acétylsalicylique et des semen-contra que l'on s'est de son propre chef prescrits, et autrement qu'à dose homéopathique, dans le seul dessein de se muscler les neurones ! Fort heureusement, pour traiter ces malades imaginaires là, il y aura toujours le sacro-saint dictionnaire où s'étalent, en rang d'oignons, cautères, liniments, diachylons, pellets et Glossettes. C'est que, pour de tels esthètes, les grands remèdes comptent infiniment moins que les grands mots...
TEST
Le contrepoison que l'on vous fournit en pharmacie s'écrit en un seul mot, sans trait d'union. En va-t-il de même pour :
- contre-attaque, contrebasse, contrecoup, contre-indication, contremaître (fin pour les juniors) ;
- contrefaçon, contresens, contrevent, contre-visite, contrordre (fin pour les adultes amateurs) ;
- contravis, contrebasson, contrebatterie, contre-filet, contre-rail (fin pour les adultes professionnels) ?