Les charmes de l'arène

(Nivelles, 2002)

Quelle trouvaille que ces berges de Seine métamorphosées, durant quelque quatre semaines, en station balnéaire : voici la place de Grève quasi ressuscitée ! Une idée autrement convaincante — sans vouloir remuer le couteau dans la plaie — que cette « Nuit blanche » à l'Hôtel de Ville, laquelle a bien failli, pour le maire de Paris, tourner au cauchemar. C'est égal : si l'on savait depuis longtemps que nos édiles avaient un grain et qu'ils étaient parfois de piètres gestionnaires, on ne s'attendait tout de même pas que l'on plébiscitât de la sorte celui qui, sans un remords, met ses administrés sur le sable...

Au dire des gazetiers franciliens, les touristes ne se sont pas fait prier pour occuper les chaises longues, et pas davantage pour retrouver leur âme de mouflet. C'est ainsi qu'au milieu des ris cantonais plus d'un Asiatique se seraient lancé le frisbee ; que des Pragois auraient érigé des châteaux forts proprement kafkaïens, avec barbacanes et mâchicoulis ; que des Qatariens, à grand renfort de pelles et de râteaux, se seraient ingéniés à creuser le sol, dans le fallacieux espoir d'y dénicher du pétrole. Las ! pour se suivre, les mais ne se ressemblent pas : au tour des pavés, désormais, d'être sous la plage...

Les enfants de l'athénée ont, on s'en doute, des passe-temps moins triviaux. Plutôt qu'avec le sable de monsieur Tout-le-monde, ils préfèrent copiner avec le poto-poto ; quant à saucissonner avec du confit d'oie, autant que ce soit sur du jar... À ces raffinés-là, il faudra plus que de vulgaires coques pour arracher des cocoricos : mye close ici, mitre ailleurs ! Pour peu, enfin, qu'ils daignent s'exposer aux morsures de , jamais ils ne s'accommoderont de la lucite banale : cela dût-il se solder par force pâtées, vive les desquamations furfuracées, les phlyctènes boursouflées et les pétéchies violines !

 

TEST

S'étaient donné rendez-vous à Nivelles, pour ce quinzième anniversaire, un quincaillier rouquin, un ministre africain muni de son maroquin turquin et deux mannequins ricains, que l'on aurait pu croire, vu les quintes qui les secouaient, tout droit sortis des Quinze-Vingts. Pas de quoi se faire esquinter, diront d'aucuns, mais nous n'en sommes qu'aux juniors.

Leurs aînés, quinquagénaires ou non, feraient bien d'ouvrir tout grands leurs quinquets. Quelque rompus qu'ils soient aux graphies quintessenciées, quand ils sauraient même à quel genre appartiennent ces damnés « quinconces », il n'est pas sûr qu'ils sachent toujours s'il y a un accent sur « quindécemvir », un trait d'union à « Charles Quint » ou encore si « Quintilien » s'écrit comme « quintillion ».

Parce que ce sont des cas, les pros se seront vu réserver « kentia », « kinkajou ». Les en priver eût été des plus mesquin, comme de ces « quintefeuilles » chers à l'architecte. Mais vous leur sortiriez tout le saint-frusquin qu'ils s'en sentiraient requinqués : jamais pied équin ne les fera trébucher... Et pour qu'ils le fissent sur « ver-coquin », il faudrait qu'ils fussent dans les vignes... entre quinquina et marasquin !