Le musée de mes rêves

(École supérieure de commerce de Lille, 1997)

Je raffole des musées. Il me semble les avoir tous visités. J'aime par-dessus tout ces anciens couloirs, qu'éclaire une tendre et pâle lumière. J'aime ces voûtes solennelles, qui font résonner le moindre de nos pas. Les chefs-d'œuvre qui les peuplent sont pour moi le plus efficace des tranquillisants : chacun d'eux me parle d'un monde où l'homme, loin de faire le clone, cherche plutôt à se rendre unique.

Bien sûr, mon cœur de Lilloise bat surtout pour notre palais des Beaux-Arts, lequel doit rouvrir incessamment ses portes. Et en grande pompe, s'il vous plaît : le jour de l'inauguration, les huiles ne seront pas toutes sur les murs ! Mais c'est justice pour ce musée si coté. On ne sait ce qu'il convient d'y admirer le plus, des encensoirs médiévaux aux céramiques des dix-septième et dix-huitième siècles, sans oublier les plans-reliefs des cités fortifiées par Vauban...

Le croiriez-vous ? Plus d'une fois, j'ai rêvé que je m'y étais laissé enfermer. Quelle que fût d'abord ma peur, je n'en jouissais pas moins du privilège : de telles splendeurs pour moi seule ! Comme un fantôme, je rôdais la nuit entière parmi les toiles, ici déchiffrant l'épître adressée à une jeune mijaurée, là réconfortant deux coquettes sur le retour, tout indignées d'être traitées de vieux tableaux. Combien déplacée me paraissait alors la sonnerie du réveille-matin  !

 

TEST

À force de muser dans les galeries, de se balader dans les pinacothèques, elle s'était forgé une ambition : devenir artiste peintre. Mais, quelques efforts qu'elle déployât dans l'aquatinte et le camaïeu, il lui fallut renoncer à ce noble dessein. Jamais elle n'eût gagné son pain avec de telles croûtes !