Cocoricoca-Cocoricola !

(Nivelles, 1996)

Se pourrait-il que le Coca devînt la potion magique du vingt et unième siècle ? En tout cas, Atlanta fut pour nos coqs un vrai pays de cocagne... Volatilisés, les complexes de naguère ! Gommées, les contre-performances de jadis ! Oublié le temps où, excepté les judokas, les Français allaient au tapis et se serraient la ceinture ! À l'instar de cette athlète antillaise qui, par deux fois, fit résonner l'hymne national, les tricolores se sont refait une santé en raflant quelque trente-cinq médailles, dont quinze couleur d'or. Pour un peu, on les soupçonnerait de s'être dopés : las de faire tintin, n'avaient-ils pas tout bonnement de la coke... en stock ?

Bien sûr, il se trouvera des rabat-joie pour susurrer que notre disque n'a pas tourné rond ; que nos haltères, pourtant si attendus, n'ont pas pesé lourd ; ou encore que nos barres asymétriques ont connu plus de bas que de hauts. Comme il s'est toujours trouvé des hypocondres pour regretter que notre canoë-kayak ne fût pas assez coté à l'échelon international... Mais, quelque fondées qu'elles fussent, que valent les jérémiades de ces soi-disant connaisseurs en regard des éloges qui, en théories nombreuses, se sont abattus sur nos héros ? Des décorations qui ont chu dru (c'est le mot !) du portefeuille de notre ministre des Sports ?

De surcroît, le népenthès susmentionné n'a pas agi que sur la cendrée ou dans les palestres high-tech qu'avaient aménagées pour l'occasion nos amphitryons géorgiens. Il a aussi fait florès dans les haut-parleurs qui, pendant les trois semaines qu'ont duré les épreuves, déversèrent sur les aficionados de l'olympisme — et autrement qu'au stilligoutte — la langue de Coubertin. Divine surprise pour les zoïles volontiers paranos que nous sommes : on n'eût osé parier que les épéistes et les décathloniens entendraient dans les xystes surchauffés du Nouveau Monde autant de français que les bobeurs en ouïrent, il y a peu, sur les pistes d'Albertville !

 

TESTS

1) Qui l'eût cru ? L'orthographe est tout indiquée pour se faire des biscoteaux... La seule manipulation des ouvrages de référence mobilise les trapèzes, les rhomboïdes et les sterno-cléido-mastoïdiens. Quant aux fautes rédhibitoires — ou a fortiori vénielles — que vous pourriez commettre, il sied que vous en riiez... Rien de tel pour vos zygomatiques et vos risorius !

2) L'or lui ayant fait faux bond, ce fleurettiste kazakh cherchait une revanche dans l'étymologie. Son médaillier s'affaissait sous le poids des chrysolites et des chrysocolles qu'il s'était procurées deçà delà. On y repérait aussi force chrysopes naturalisées, une chaîne de chrysocale et un protomé chryséléphantin. Cet exutoire ne faisait pas l'affaire de sa moitié, laquelle, en époussetant ces succédanés, piquait immanquablement... sa crise !