Autant en emporte le courant
(à bord du MS Renoir, 2022)
Puisque orthographe et syntaxe, pour plus d'un oiseau de mauvais augure, sont censées s'en aller à vau-l'eau, que ne les rejoint-on pas, plutôt que de contempler le naufrage de la rive, à bord du MS Renoir ? Ne fût-ce que pour que nous témoignions à ces chefs-d'œuvre en péril notre sympathie, voire que nous travaillions à leur survie ? C'est là l'idée que, de concert, ont eue CroisiEurope et le Projet Voltaire, pour le plus grand plaisir des participants à cette extravagante arche de Noé linguistique ! La langue, au moins autant que l'Horloge cher aux Rouennais, ne fait-elle pas partie de notre patrimoine ? N'a-t-elle pas inspiré les Corneille, Flaubert et autres phénix de la plume dont les mânes éthérés flottent toujours sur la ville aux cent clochers ? Contribué à graver dans le marbre ce siècle de grandeur que récitent quasi par cœur, dans leur inégalable rectitude, les époustouflantes allées d'un Le Nôtre ?
Quelque clairsemés que nous paraissent trop souvent les rangs de ses chevaliers servants, ladite langue méritait bien ce retour sur le devant d'une Seine dont elle chanta, infatigablement, les méandres infinis ; cette balade mélancolique dans un Vieux-Bassin honfleurais qui cajole ses esquifs comme le poète les mots dans son vers : cette solennelle remontée d'une galerie où trois cent cinquante-sept miroirs lui renvoient des images de sa splendeur passée. Pour lui avoir servi d'escorte, puissent toutes ces bonnes gens ici rassemblés se voir attribuer un zéro faute au terme d'une dictée qui n'avait rien d'un roman-fleuve et qu'ils auront peut-être trouvée, contexte oblige, plus coulante qu'attendu !