Belgic Park

(Nivelles, 1993)

Sauve qui peut ! Précédés d'un tintouin médiatique qui frôlait le racolage — il fallait bien que l'on amortît les deux milliards quatre cents millions de francs belges que le film aurait coûté— les monstres hollywoodiens sont de retour ! Il ne s'agit plus, cette fois, de ces orques gris foncé assoiffées de sang mais bel et bien de tyrannosaures et de tricératops, ces bébêtes plutôt mastoc que l'impéritie de l'homme est censée avoir ressuscitées... Après le cétacé, le crétacé ! Le script n'a rien d'exaltant, les personnages sont falots mais, pour que les quenottes tremblotent sous l'effet des chocottes, on n'a mégoté ni sur la bande-son ni sur les gadgets : contrechamps audacieux, terrifiantes images de synthèse, maquettes ultramodernes manipulées par des marionnettistes, tout est bon pour épater une galerie qui répugne désormais à aller au charbon... Reconnaissons, sans ambages superflues, que « Germinal » a bonne mine !

Mais assez criticaillé... À Nivelles, on n'a cure de ce médiocre îlot du Costa Rica où, grâce au clonage et aux anophèles fossilisés, quelques apprentis sorciers se sont imaginé avoir tous les droits ! À tant faire que de verser dans l'onychophagie, un Belge préférera toujours les effets spéciaux de notre bonne vieille langue à ceux, grand-guignolesques et un tantinet toc, des superproductions yankees : si l'ichtyornis, l'archéoptéryx et le plésiosaure ont la cote céans, c'est à leur orthographe quintessenciée qu'ils le doivent ! Ici, point d'hémoglobine mais des règles rigolotes ; pas davantage de ces bobos cruentés, nacarat plus qu'incarnats qui ressaignent par intermittence, rien que des érythèmes nés de la concentration pour se faner sur-le-champ. Et quand aux yeux des pisse-froid malintentionnés nos fanas des belles-lettres passeraient eux-mêmes pour des dinosaures, peu leur chaut : tout cela est décidément... secondaire ! 

 

TEST

La dictée, contrepoison de choix, antidote idéal au pire des maux ? Tope là ! Les grands mots, après tout, ne sont-ils pas souvent de grands remèdes ? Des anti-inflammatoires (encore appelés antiphlogistiques) aux tonicardiaques (ou cardiotoniques), combien de bêtabloquants, de vasopresseurs et d'immunosuppresseurs ! Que d'anxiolytiques, et aussi de caryolytiques ! Sans compter la théophylline, la thiamine, ni l'éternelle thridace... Et puis, les groupies de l'orthographe n'en ont jamais pincé pour le « crabe » ! À moins, bien sûr, qu'il ne s'agît d'un macrocheire...